Etude ECLAT : la cigarette électronique en tant que substitut aux cigarettes

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cigarette électronique baisse symptome néfaste
Courbes de variations des déclarations de symptômes néfastes en fonction du temps pour l'étude ECLAT. Tiré de Caponetto et al., Plos One, 2013

Le groupe de chercheurs italiens intéressés par la cigarette électronique, dirigé par le professeur Polosa, vient de publier le compte rendu de la première étude en double aveugle réalisée pour évaluer l’efficacité et la sécurité des cigarettes électroniques en tant que traitement de substitution nicotinique, nommée étude ECLAT.

Étude aléatoire en double aveugle

On entend souvent parler de ce type d’étude comme étant le seul moyen de faire des études fiables sur des populations. Plusieurs recherches portant sur d’autres domaines ont ainsi été mis en doute parce qu’un des principes de mise en œuvre n’avait pas été respecté. Mais quels sont-ils vraiment ?

Leur nom complet est « étude randomisée en double aveugle« , ou double insu. Le principe est de mesurer l’effet d’un produit, qui peut être une molécule, une nouvelle machine ou un procédé particulier, indépendamment  de tout aspect psychosomatique généré par l’objet étudié. On pense ici particulièrement à l’effet placebo et l’effet nocebo. Pour cela, on réalise des études en double aveugle : les médecins et les patients savent qu’ils participent à une étude mais ne connaissent pas précisément ce qu’ils prennent.

cigarette électornique ECLAT
Modèle de cigarette électornique utilisée pour l’étude ECLAT.
Tiré de Caponetto et al., Plos One 2013

Ici, l’étude a testé des cigarettes électroniques avec 3 types de liquides différents : un groupe a reçu  une concentration de nicotine forte pendant 12 semaines, un autre une concentration forte pendant 6 semaines puis faible pendant 6 semaines, le dernier a reçu des liquides sans nicotine. Ni les participants ni les médecins ne savaient exactement quel type de liquide était fourni. Ainsi, il n’était pas possible pour les patients de se faire une idée particulière sur le produit qu’il utilisait. De même, les médecins ne peuvent pas non plus orienter leur discours ou leur comportement en fonction de ce que le patient reçoit. 300 personnes ont ainsi été suivie pendant un an, chaque groupe contenant 100 personnes. Les participants étaient tous des fumeurs de plus d’un paquet par jour, qui se sont présenté sans volonté d’arrêter de fumer.

Un taux d’arrêt du tabac élevé avec la cigarette électronique

ECLAT cigarette électronique tableau efficacité
Valeurs des taux de réductions de la consommation de cigarettes et des taux d’arrêts de la cigarette dans l’étude ECLAT.
Tiré de Caponetto et al., Plos One, 2013

Après étude, les chercheurs ont mesuré un taux d’arrêt complet de 10,7% à 12 semaines et 8.7% à 1 an. Encore mieux, la baisse significative du nombre de cigarettes journalières concernait 22,3% des participants à 12 semaines et 10,3% des participants à 1 an. Étonnamment, les taux d’arrêt et de baisse du tabagisme sont très peu reliés à la concentration en nicotine des cigarettes électroniques utilisées.

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Courbes de variations des déclarations de symptômes néfastes en fonction du temps pour l’étude ECLAT.De gauche à droite et de bas en haut : Toux sèche, irritation de la bouche, souffle court, irritation de la gorge, maux de tête.
Tiré de Caponetto et al., Plos One, 2013

De plus, dans les questionnaires remplis à chaque visite, les médecins ont enquêté sur une liste de symptôme typique liés à la cigarette. Que ce soit la toux sèche, l’irritation buccale, le souffle court, l’irritation de la gorge ou les maux de têtes, des baisses fortes et durables ont été mesurées pour les 3 groupes !

Une efficacité significative dans des conditions peu favorables

Face à ses chiffres, on pourrait penser que les résultats ne sont pas si incroyables que ça : les traitements habituels, patch et gomme à la nicotine, affichent en effet des taux d’arrêts entre 5% et 10%.

Cependant, deux détails d’importances sont à prendre en compte. Tout d’abord, les participants étaient tous des fumeurs ne souhaitant pas s’arrêter de fumer et ne connaissant pas encore les potentiels bienfaits des cigarettes électroniques. Ensuite, les essais ont été réalisés exclusivement avec des cigarettes électroniques « look-alike », c’est-à-dire des modèles ressemblant à des cigarettes. Or, on sait depuis que les vapoteurs convertis se tournent rapidement vers des dispositifs à clearomiseurs, offrant des densités de vapeurs plus importantes.

Ainsi, on peut penser que la même étude, réalisée avec des fumeurs désirant s’arrêter et ayant le choix dans le modèle de cigarette électronique et dans les saveurs de liquides, montrerait des taux d’arrêt et de diminution du tabagisme beaucoup plus important, bien au dessus des performances des traitements actuels.

 

En résumé, nous avons là encore un résultat scientifique qui vient confirmer les bienfaits des cigarettes électroniques : fort taux d’arrêt complet et spontané, baisse de la consommation quotidienne pour encore plus d’utilisateur, et surtout augmentation du confort de vie grâce à la diminution significative des 5 symptômes les plus fréquemment lié au tabagisme. Reste ensuite à comprendre pourquoi le groupe sans nicotine présente des résultats si proches du groupe avec nicotine ? La partie comportementale serait-elle si importance dans la dépendance ou est-ce une autre preuve que les cigarettes électroniques « look-alike » ne sont pas très performantes ?

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