Biomarqueurs d’exposition : la vape largement moins nocive que la cigarette

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Pour beaucoup de personnes, la vape n’est pas moins nocive que la cigarette. Cette légende a la vie dure. Dans un article paru le 5 mai 2023 dans la revue Nature, une équipe de chercheurs s’est attelée à comparer les biomarqueurs d’exposition spécifiques du tabac fumé entre fumeurs, vapoteurs et double-usage. Les trois étant comparés à des non-fumeurs/vapoteurs de plus de 30 jours. Ce n’est pas comme si nous ne le savions pas, mais il est bon de rappeler les faits très (trop) souvent tordus par certain(e)s idéologues anti-vape.

Contexte

Comme le précise l’étude, si besoin en était, l’essentiel de la dangerosité de la cigarette réside dans la combustion d’une plante verte appellée tabac. Une combustion n’étant jamais complète sur Terre, il s’en dégage tout un tas de molécules toxique. Ce sont des polluants bien connus et documentés depuis longtemps.

L’objet de cette étude est de comparer les niveaux d’exposition aux fumeurs et vapoteurs de :

  • Nitrosamines spécifiques du tabac (x2)
  • COV (composés organiques volatils) liés au tabagisme (x14)
  • Métaux lourds (x3)

Dans la foulée, l’étude s’est attelée à mesurer également les taux de nicotine plasmatique des usagers, ce qui peut être intéressant pour comparaison, même si la nicotine n’est pas toxique aux doses auxquelles les consommateurs l’absorbent.

Les participants à l’étude se répartissent comme suit :

  • 151 utilisateurs exclusifs de dispositifs de vapotage
  • 1341 fumeurs exclusifs
  • 115 dual-users (double utilisation)
  • 1846 personnes n’ayant pas consommé ni tabac ni vape durant les 30 derniers jours

Le tout tient compte également des données démographiques qui ont leur importance. L’échantillon de participants est issu des données PATH (Population Assessment of Tobacco and Health). L’étude PATH est une étude longitudinale nationale sur le tabagisme et ses effets sur la santé des Américains.

Résultats

Taux de nicotine

La première chose que l’on peut noter, c’est que les taux de nicotine mesurés sont relativement équivalents quelque soit le mode d’absorption. On constate cependant que le taux de nicotine plasmatique est légèrement inférieur avec le vapotage exclusif par rapport au tabac fumé. En revanche, on peut remarquer qu’il est supérieur avec l’usage double en fumant plus de 10 cigarettes par jour. Lorsque l’on fume moins de 10 cigarettes par jour, l’usage double est sensiblement équivalent au vapotage exclusif.

En fait, c’est plutôt une bonne nouvelle concernant le vapotage malgré une diabolisation continue de la nicotine totalement contre-productive. Ainsi, le primo-accédant à la vape est assuré de ne pas souffrir de « craving » lors de sa transition. Rappelons, si besoin était, que la nicotine n’est pas le problème du tabagisme. Elle en est un renforçateur primaire (mais pas exclusif) et que, prise isolément, c’est au pire une dépendance.

Fig 1

Nitrosamines spécifiques du tabac

Concernant les nitrosamines, on peut remarquer que les niveaux sont considérablement plus élevés chez les fumeurs et usagers-double. Pour les vapoteurs exclusifs, on remarque que les niveaux sont à peine plus élevés que pour les non-fumeurs/non-vapoteurs. Les niveaux de NNAL* étaient 86 fois plus élevés chez les fumeurs/usagers double (+10 cigarettes/jour) que chez les non-fumeurs/vapoteurs. Même si l’on remarque que le niveau de NNAL est 3,5 fois plus élevé chez le vapoteur que chez le non-fumeur, il demeure très très en-deça de celui des fumeurs.

*Le NNAL est un biomarqueur du NNK, un cancérigène avéré.

La vape est moins nocive sur les nitrosamines spécifiques du tabac
Fig 2

Composés organiques volatils (COV)

Encore une fois, on constate des niveaux largement inférieurs des COV pour les vapoteurs et équivalents aux non-fumeurs/non-vapoteurs. On constate toutefois que les niveaux ne sont pas à 0. Notamment pour le biomarqueur du benzène (PMA). Sur ce point, l’étude a mis de côté le résultat de mesure. D’autres facteurs peuvent être en jeu comme le contexte environnemental. Globalement, les niveaux d’exposition des COV était sensiblement équivalents entre vapoteurs et non-fumeurs ; et de toute façon, toujours très inférieurs aux usagers de tabac combustible.

La vape est moins nocive sur tous les COV
Fig 3

Métaux lourds

Les moyennes géométriques des trois métaux étaient significativement plus élevées chez les fumeurs et les utilisateurs de vape que chez les non-utilisateurs. Les niveaux d’un métal – le cadmium – étaient significativement plus bas chez les utilisateurs de vapotage et les doubles utilisateurs qui fumaient < 10 cigarettes/jour que chez les fumeurs (Fig. 4). En revanche, les niveaux chez les doubles utilisateurs qui fumaient ≥ 10 cigarettes/jour n’étaient pas significativement différents des niveaux chez les fumeurs. Il est toutefois à remarquer que les niveaux de métaux lourds sont loin d’être à 0 chez les non-fumeurs/vapoteurs. L’important est ici de mesurer l’écart entre ces derniers et les vapoteurs exclusifs.

La vape est moins nocive du point de vue des métaux lourds
Fig 4

Conclusion

Dans cette étude observationnelle représentative au niveau national des adultes américains, les vapoteurs exclusifs ont montré des niveaux équivalents de nicotine. Concernant les niveaux de nitrosamines et COV, les niveaux sont nettement plus faibles. Idem pour un métal par rapport aux fumeurs de cigarettes.

Dans de nombreux cas, les valeurs des biomarqueurs observées étaient d’un niveau sensiblement équivalent. Dans l’ensemble, les données des biomarqueurs démontrent que le vapoteur obtient des niveaux de nicotine similaires à ceux des fumeurs. En revanche, les niveaux d’exposition sont significativement plus faibles à de nombreux produits toxiques, y compris les substances cancérigènes.

On peut aussi constater, comme nous le savions déjà, que le double-usage ne diminue pas significativement les niveaux d’exposition aux substances toxiques. Le fumeur a donc tout intérêt à « switcher » exclusivement vers la vape. Et pour cela, n’oublions pas que le taux de nicotine est important pour la satisfaction du fumeur. Ne vous sous-dosez pas ! Et puis, vapoter permet de remplacer un plaisir (dangereux) par un autre (infiniment moins dangereux). Avec le contexte général actuel, rappelons ici l’importance de la diversité des arômes proposés dans la vape.

Globalement, cette étude vient confirmer, une fois de plus, que la vape est bel et bien largement moins nocive que le tabac fumé.

Source : Comparison of biomarkers of exposure among US adult smokers, users of electronic nicotine delivery systems, dual users and nonusers, 2018–2019

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