L’OFDT* vient de publier son enquête ESCAPAD 2023. On peut observer que le tabagisme est en diminution constante en France depuis 2014, après une certaine augmentation entre 2008 et 2014.
*Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies
Contexte
L’enquête ESCAPAD existe depuis 2000 et a pour mission d’évaluer la consommation de drogues auprès des jeunes. Dans cette évaluation, il y a évidemment le tabac, même si le mot drogue est quelque peu exagéré pour ce dernier. L’OFDT travaille en collaboration avec la Direction du service national et de la jeunesse (DSNj). Le questionnaire est ainsi présenté aux jeunes lors de la Journée défense et citoyenneté (JDC), initialement dénommée Journée d’appel à la Préparation à la défense (JAPD).
L’enquête ESCAPAD 2022 a eu lieu en mars, il y a tout juste un an. 23701 filles et garçons, pour un âge moyen de 17,4 ans, ont été interrogés. ESCAPAD traite de toutes les drogues et toxicomanies, mais pour le coup, nous ne nous intéresserons qu’aux usages du tabac et de la e-cigarette qui fut, elle aussi incluse dans l’étude. E-cigarette qui, au passage, n’a pas grand-chose à faire dans un contexte de toxicomanies, mais passons. Ca nous permet d’avoir aussi des chiffres intéressants.
Grosse baisse du tabagisme
La première chose que l’on constate, c’est qu’en 2022, moins d’un jeune sur deux a déjà fumé au moins une cigarette au cours de son existence (46,5%) et 15,6% déclare fumer quotidiennement. En 2011, ils étaient 68,4% à avoir expérimenté la cigarette et 31,5% fumaient quotidiennement. L’expérimentation reste stable entre 2011 et 2014 tandis que le tabagisme quotidien progressait jusqu’à atteindre 32,4% en 2014. A partir de 2014, tout commence à chuter de façon constante comme le montre la Fig-1. Au final, le nombre de jeunes fumeurs a été divisé par plus de deux en 8 ans et l’expérimentation a subi une chute de 32% sur la même période.
Comme le montre le Tableau 1, la répartition garçon/fille est aujourd’hui à peu près égale dans l’expérimentation. Pour ce qui est du tabagisme quotidien, les garçons fument assez nettement plus que les filles. On peut tout de même noter une baisse considérable dans toutes les formes du tabagisme.
Et la vape ?
Pour la vape, force est de constater que la consommation a augmenté. On le voit dans le Tableau 2, que ce soit l’expérimentation et l’usage quotidien ; parfois même énormément dans le cas de l’usage quotidien (+226% entre 2017 et 2022). Globalement, la répartition par sexe est, elle-aussi, à peu près égale. Mais attendez avant de crier au loup.
S’il y a bien une chose que je retiens, c’est que l’augmentation de la part du vapotage est concomitante à la baisse du tabagisme. Et ce, autant pour l’expérimentation que pour l’usage quotidien. Dès lors, difficile de ne pas y voir une corrélation. La figure 2 montre bien ce phénomène dans cette période de cinq ans.
Corrélation ou pas ?
Pour les anti-vape, il ne peut pas y avoir de corrélation entre diminution du tabagisme en France et vapotage ; en témoigne les derniers évènements concernant la vape en France. La vape est toujours pointée du doigt comme étant une porte d’entrée vers le tabagisme. Cette enquête ESCAPAD montre le contraire et d’autres études l’ont déjà confirmé. On peut d’ailleurs citer une étude récente de l’INSERM et, justement, basée sur les données ESCAPAD de 2017. Bref, les idéologues anti-tabac/vape sont aussi utiles à la société qu’un pansement sur une jambe de bois. Ils sont même carrément néfastes à cette lutte dont la vape en est l’un des principaux remède.
Nous avons, d’autre part, des éléments de réponse en Angleterre, là où la vape est fortement encouragée par les autorités de santé. Les chiffres sont sans appel. Le tabagisme décroît constamment depuis des années et ce, depuis l’apparition du vapotage.
Bien sûr, la corrélation peut s’avérer délicate à brandir. Mais au final, ce sont des chiffres qui reviennent systématiquement lorsque l’on propose une politique volontariste en faveur d’un basculement vers le vapotage.
Ah ces jeunes…
L’adolescence est, et demeure, une période de la vie assez délicate où l’on expérimente tout un tas de choses ; parfois même les plus mauvaises. Mais c’est comme ça. A partir de là, ne vaut-il mieux pas expérimenter le vapotage plutôt que la clope ? Et j’oserais même dire, y compris avec la vape nicotinée. Entendons-nous bien, s’il y a expérimentation de la vape, autant le faire sans nicotine, le mieux étant de ne rien expérimenter du tout. Mais si d’aventure les plus jeunes tentent la vape avec nicotine, la dépendance sera beaucoup moins prégnante, voire un non-sujet. L’absence de shoot nicotinique (entre autres) avec la vape montre que la fameuse dépendance à la nicotine se discute sérieusement. Quitte à tenter quelque chose, le mieux est de le faire avec un risque réduit au maximum.
Cela dit, il convient de tempérer notre enthousiasme. Le tabagisme est en diminution en France, mais force est de constater qu’il reste encore (trop) élevé.
Source : http://www.ofdt.fr/files/6016/7836/5975/OFDT_Tendances_ESCAPAD_VF.pdf