Le vapotage est devenu un phénomène mondial au cours des deux dernières décennies. Le Royaume-Uni, en particulier, a vu une augmentation significative du nombre d’utilisateurs de ces dispositifs. Et ce, grâce à une politique volontariste de réduction du tabagisme incluant clairement la vape. Face à cette tendance croissante, le gouvernement britannique projette d’imposer des taxes sur les produits de la vape. Cet article explore les différentes dimensions de ce projet de taxation. Nous allons nous pencher sur les raisons qui le motivent, ses implications potentielles, ainsi que les réactions des divers acteurs concernés.
Contexte et justification de la taxation
Plusieurs facteurs motivent le projet de taxation sur le vapotage au Royaume-Uni. Tout d’abord, il y a une préoccupation croissante concernant les impacts sanitaires du vapotage, en particulier chez les jeunes. Le discours est bien connu maintenant. On se demande toujours quels sont les effets à long terme du vapotage sur la santé*. Bref, le gouvernement anglais cherche donc à décourager l’utilisation excessive de ces produits, notamment parmi les adolescents.
Deuxièmement, il y a une dimension économique à cette initiative. Le secteur du vapotage est en pleine expansion, générant des milliards de livres en ventes chaque année. En instaurant une taxe sur ces produits, le gouvernement pourrait mobiliser des revenus supplémentaires qui pourraient être réinvestis dans des programmes de santé publique, de prévention et de recherche sur les effets du vapotage.
Enfin, la dimension réglementaire et de contrôle du marché joue également un rôle. Une taxation permettrait de mieux réguler le marché, de limiter la prolifération des produits illégaux ou de contrefaçon, et de garantir que seuls les produits conformes aux normes de sécurité et de qualité sont disponibles pour les consommateurs.
* [NDLR] Que veut dire long terme ? Cela fait plus de 20 ans que la vape existe sans qu’elle n’ait occasionné le moindre malade.
Structure de la taxation proposée
La proposition actuelle de taxation sur le vapotage au Royaume-Uni prévoit plusieurs niveaux de taxes basés sur différents critères. Les éléments suivants pourraient être pris en compte :
- La concentration de nicotine : Les produits à haute concentration de nicotine seraient plus lourdement taxés que ceux à faible concentration.
- Le type de dispositif : Les dispositifs jetables pourraient être taxés différemment des dispositifs rechargeables, reflétant leur impact environnemental.
- La composition des e-liquides : Les e-liquides contenant des substances jugées potentiellement plus nocives pourraient être soumis à une taxe plus élevée.
Cette structure vise à encourager les utilisateurs à opter pour des produits moins nocifs et à réduire la consommation globale de nicotine. Concernant les e-liquides, les taxes proposées seraient progressives selon le taux de nicotine du produit. A savoir :
- 1 £ pour 10 ml pour les e-liquides sans nicotine
- 2 £ par 10 ml pour les e-liquides contenant de la nicotine à des concentrations comprises entre 0,1 et 10,9 mg par ml
- 3 £ par 10 ml pour les e-liquides contenant de la nicotine à des concentrations de 11 mg par ml ou plus
On le constate, ces taxes sont tout sauf négligeables.
Implications économiques et sociales
L’instauration d’une taxe sur le vapotage pourrait avoir plusieurs répercussions économiques et sociales. D’un point de vue économique, les fabricants et les détaillants de produits de vapotage pourraient voir une augmentation de leurs coûts. Augmentation qu’ils pourraient répercuter sur les consommateurs sous forme de prix plus élevés. Cela pourrait potentiellement réduire la demande pour ces produits, affectant ainsi l’industrie du vapotage. Evidemment, les personnes à revenus modestes seront une nouvelle fois les plus touchées. C’est d’autant plus étonnant par rapport à l’initiative du gouvernement anglais il y a un an.
D’un autre côté, les revenus générés par cette taxe pourraient être utilisés à financer des initiatives de santé publique et des programmes de sevrage tabagique. Cela pourrait avoir un impact positif sur la santé publique à long terme.
Réactions des Parties Prenantes
Les réactions au projet de taxation sur le vapotage sont diverses et variées. Les associations de santé publique et certaines organisations médicales soutiennent largement l’initiative. Ces dernières arguent que cela pourrait aider à diminuer les nouveaux utilisateurs de vape, en particulier parmi les jeunes. Elles soulignent également l’importance d’utiliser les revenus de la taxe pour financer des programmes de prévention et de traitement des dépendances.
Cependant, ces taxes suscitent une forte opposition de l’industrie du vapotage et certains groupes de défense des droits des consommateurs. Ils soutiennent que le vapotage est une alternative moins nocive au tabagisme traditionnel et qu’une taxe pourrait dissuader les fumeurs de passer à des options moins dangereuses. Ils mettent également en garde contre le risque de créer un marché noir pour les produits de vapotage, ce qui pourrait réduire la capacité du gouvernement à réguler efficacement ces produits.
Perspectives d’Avenir
Le projet de taxation sur le vapotage au Royaume-Uni est encore en phase de consultation. Il reste à voir quelles formes définitives les mesures prendront. Il est probable que des ajustements seront apportés en fonction des retours des différents acteurs et des résultats des études d’impact. Toutefois, il est clair que le gouvernement britannique s’oriente vers une régulation plus stricte du marché du vapotage. L’objectif étant de protéger la santé publique tout en équilibrant les considérations économiques.
Conclusion
Il est (très) dommage que le Royaume-Uni finisse par se conformer à la doxa anti-vape mondialisée. D’autant plus dommage que ce pays a toujours été pionnier en la matière et que le nombre de fumeurs ne cesse de décroître depuis 10 ans. On peut malheureusement constater que l’effet « puff » chez les ados a également fait des ravages outre-manche. Encore une fois, on peut toujours se poser la question de savoir si tous ces jeunes n’auraient pas commencé à fumer plutôt que d’expérimenter la vape. D’autre part, nous constatons également que la puff commence à passer de mode. Nous savons également que le fameux effet passerelle demeure marginal tout autant que l’utilisation régulière de la vape après expérimentation1.
Beaucoup d’observateur anglais craignent, à juste titre, que le projet d’un pays sans fumée en 2030 soit compromis. On le voit, à l’instar de l’UE, les britanniques commencent à se crisper au sujet de la vape. Nous l’avions d’ailleurs constaté, il y a tout juste un an, à propos des ventes illicites de vape aux mineurs. Mais nous ne pensions pas que nos voisins envisageraient, un an plus tard, de mettre à mal près de dix années de lutte contre le tabac fumé.
En conclusion, le projet de taxation sur le vapotage au Royaume-Uni représente une initiative complexe qui cherche à répondre à des préoccupations sanitaires tout en tenant compte des dynamiques économiques du secteur. La réussite de cette initiative dépendra en grande partie de la manière dont elle sera mise en œuvre et des mesures d’accompagnement qui seront adoptées pour soutenir les utilisateurs de vapotage et les acteurs de l’industrie.
1-The use of e-cigarettes in adolescents: public health consequences