COP10 : L’OMS veut démolir la vape

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La COP10 de la CCLAT de l’OMS se tiendra du 20 au 25 novembre 2023, au Panama, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la vape est dans le collimateur de cette instance onusienne.

Un peu de contexte

Qu’est-ce que la CCLAT ? Il s’agit en fait de la Convention Cadre pour la Lutte Anti-Tabac issue de l’OMS. En anglais, on appelle cela FCTC. Une COP, quant à elle, c’est une Conference Of the Parties ou Conférence Des Parties. Ces conférences ont lieu tous les deux ans. La prochaine COP de la CCLAT se tiendra donc au Panama en novembre prochain. Dans ces COP, on y discute des mesures à prendre, au niveau mondial, pour contrer le tabagisme. Cette COP réunit 182 pays (dont l’Union Européenne) ainsi que d’autres acteurs accrédités. L’intention est louable, mais vous allez voir que, concernant le vapotage, on est déjà sur du beaucoup moins louable.

L’ordre du jour des COP de la CCLAT n’est révélé qu’au dernier moment, dans une totale opacité, ne permettant à aucun observateur d’intervenir. En réalité, les positions des états membres sont décidées bien en amont, plusieurs mois avant la tenue de la COP. Autant dire qu’à l’heure actuelle, l’ordre du jour est déjà décidé sans que personne ne puisse en avoir connaissance du contenu. Pas de consultation publique, pas de participation, les citoyens et observateurs sont mis devant le fait accompli.

Les résolutions de la COP sont adoptées par consensus et non par vote. En l’absence d’objections d’une des Parties, les propositions du secrétariat de la CCLAT sont adoptées.

D’autre part, un traité comme la CCLAT est juridiquement contraignant lorsque l’on en est signataire. Une fois les mesures adoptées, les états doivent les implémenter dans leurs droits nationaux respectifs.

Haro sur la vape !

Ce n’est un secret pour personne, la vape est dans le viseur de l’OMS depuis longtemps. L’instance onusienne la considère avec circonspection, voire hostilité, sans toutefois la mettre exactement au même niveau que le tabac fumé. Cependant, l’OMS ne cesse de vouloir en restreindre son usage en proposant tout un tas de mesures discriminatoires. Faisons donc un petit tour d’horizon des mesures proposées par le secrétariat de la CCLAT et qui seront au menu le 20 novembre prochain.

Suppression des arômes sauf tabac

Celle-là, on en parle depuis un moment. En fait, ce sujet est sur le tapis depuis l’arrivée des puffs. Si l’on passe sur l’aspect écologique, totalement contre-productif, la puff n’en est pas moins rien d’autre qu’une vape, comme les autres. Mais les promoteurs de ce dispositif ont lancé leurs campagnes marketing sur les réseaux sociaux plutôt fréquentés par les djeun’s ainsi que dans des enseignes grand public peu regardantes sur l’âge des clients en caisse ; tout ça avec un packaging et des saveurs chatoyants.

Encore l’effet passerelle ?

En effet, il y a eu pas mal d’expérimentations par les plus jeunes. On ne va pas se mentir. Il n’en fallait pas plus aux éternels anti-vape pour tomber à bras raccourcis sur la vape et à grand coup d’arguments éculés et pourtant débunkés. Mais c’est ainsi. Nous étions fin 2021.

Même si l’expérimentation juvénile de la vape n’est certainement pas à souhaiter, bien au contraire, on peut tout de même nuancer le propos. Est-il préférable que les jeunes expérimentent la clope à la place ? D’autant que plusieurs études ont déjà montré que le passage au tabac fumé, après expérience de la vape, demeure très faible, voire même, provoque l’effet inverse1,2,3.

Et la loi alors ?

Depuis, les autorités de bons nombres de pays ont réagi. Et plutôt que de faire simplement respecter la loi, on a commencé à se dire qu’on allait tout simplement supprimer les arômes autres que tabac afin de tenir nos chérubins loin du maudit bouzin qui fait de la vapeur. Après tout, l’ex-fumeur en devenir est là pour arrêter de fumer ; donc arôme tabac, et basta. Sauf que les arômes tabac sont loin de représenter la majorité des ventes de e-liquides. Du coup, bon nombre de vapoteurs auraient de grandes chances de retourner au tabac fumé. Mauvaise pioche.

Ah oui, au cas où on l’aurait oublié, la vente de produits de la vape, matériels et consommables, est interdite aux moins de 18 ans. Faire porter le chapeau aux fumeurs d’un manque de contrôle et de sanctions aux contrevenants me semble particulièrement mal venu.

Interdiction des systèmes ouverts

Selon le 8e rapport du TobReg*, il serait souhaitable que le vapoteur n’ait aucun contrôle sur son vapotage. C’est à dire :

  • Plus de contrôle de puissance
  • Plus de contrôle du flux d’air
  • Plus de choix du e-liquide ni du taux de nicotine

On le sait depuis toujours, le succès de la vape est aussi dû au fait qu’on peut ajuster son système à sa guise, avoir un choix immense dans les saveurs et un taux de nicotine adapté à son tabagisme de base. Si l’on y regarde de plus près, ce genre de vape est typiquement ce que propose les géants du tabac. Big Tobacco est donc prêt à basculer et l’on est tout de même en droit de se demander jusqu’à quel point cette recommandation n’a pas été influencée par nos « amis » cigarettiers. « Ami vapoteur, l’OMS sait mieux que toi ce qui est bon pour toi ».

*Le TobReg est un comité consultatif scientifique qui, depuis 2021, axe ses rapports très franchement en faveur du prohibitionnisme.

Interdiction des sels de nicotine

Je ne reviendrai pas sur ce que sont les sels de nicotine dans la vape. Je vous propose de suivre ce lien et de compulser l’article détaillant le sujet.

Mais voilà. L’OMS a décrété que les sels de nicotine présenteraient un risque supérieur de dépendance par rapport à la nicotine basique. Serait-ce dû à cette rumeur persistante postulant que les sels de nicotine accélèrent l’arrivée de la nicotine jusqu’au cerveau ? Il n’y a rien de plus faux. Ce n’est pas faute de l’avoir expliqué depuis des années. Cela dit, l’OMS reconnaît manquer de données là-dessus. Sans blague ?

Standardisation du flux de délivrance de nicotine

Qu’est ce que cela veut dire ? De ce que le rapport de la TobReg 8 semble vouloir dire, il faudrait que la délivrance de nicotine soit constante et donc, non modifiable. Cette recommandation fait écho aux deux précédentes. Ainsi, pas de réglages, quels qu’ils soient et pas de différentes formes de nicotine. Mais ce n’est pas tout. L’OMS suggèrerait ainsi que l’utilisateur ne puisse pas non plus adapter sa façon de vaper. En gros, que le système impose une durée de bouffée maximale ainsi qu’un délai minimal entre deux bouffées. Là, on nage en plein délire et une infantilisation complète des usagers. Orwell, si tu nous regardes …

Redéfinition de la notion de « fumée »

Celle-là n’est pas mal non plus. L’OMS souhaiterait redéfinir la notion même de fumée en l’étendant aux aérosols de vapotage. De fait, pourrait-on encore considérer les vapoteurs exclusifs comme non-fumeurs ? La différence entre vape et cigarette est justement là. C’est le nerf de la guerre si j’ose dire. La vape ne produit pas de fumée et c’est la fumée du tabac qui tue. Dès lors que l’on associe la vape au tabac combustible, on compromet son avantage indéniable.

Définition du Larousse : « Ensemble de produits gazeux qui se dégagent de certains corps en combustion et qui sont rendus plus ou moins opaques par les particules solides ou liquides dont ils sont chargés. »

« ….corps en combustion… ». La vapeur inhalée en vapotage n’est pas le produit d’une quelconque combustion. A ce stade, l’OMS en arrive même à du révisionnisme lexical.

Réglementation calquée sur celle du tabac combustible

Encore une fois, l’OMS cherche à assimiler la vape aux produits du tabac fumé. Avec les mesures précédentes, et une fois l’amalgame fait, il conviendrait d’appliquer les mêmes réglementations que pour le tabac. A savoir :

  • Emballage neutre
  • Taxation ad-hoc
  • Interdiction de vapoter dans les mêmes lieux que le tabac fumé.

Que dire sur ces mesures sinon qu’encore une fois, l’OMS cherche à décourager le vapotage à travers le monde au lieu de le promouvoir ? Et je dirais même plus mon cher Dupont, une surtaxation est une totale aberration qui touchera d’abord les plus démunis. L’emballage neutre, quant à lui …. a largement prouvé son efficacité n’est-ce pas ? Oui, je suis ironique, surtout lorsqu’on s’entête dans une impasse. Idem pour les interdictions. La réglementation actuelle offre plus de souplesse au vapotage qu’au tabac. Logique me direz-vous et, peut-être, un encouragement à « switcher » vers la vape. Pourquoi revenir en arrière dans ce cas ?

Le spectre Bloomberg

Nous le savons depuis longtemps, une fondation privée est particulièrement impliquée dans la CCLAT et la finance très largement. Il s’agit de Bloomberg Philantropies, dirigée par le sémillant Michael Bloomberg. Ce cher monsieur s’est mis en tête de consacrer sa fortune à la santé humaine à travers le monde. Personne ne lui a rien demandé (enfin j’espère) mais il est là, tapis dans les antichambres de l’OMS. Très récemment, la fondation Bloomberg a versé 420 millions de $ pour financer la CCLAT. Au total, la fondation a versé quelques 1,5 milliards de $ pour cette convention cadre. Comme dit le dicton, on ne mord pas la main qui nous nourrit. Et pourquoi un tel engagement du milliardaire Bloomberg ? Bonne question. Peut-être faut-il y voir une sorte de mission évangélique dont certains américains très fortunés se sentent investis. Bref, cette influence est plus que néfaste à bien des niveaux ; notamment pour le vapotage.

Michael Bloomberg, milliardaire président de Bloomberg Philanth
Michael Bloomberg

Conclusion

On peut le dire, l’OMS veut frapper un grand coup contre la vape pour cette prochaine COP10. Si la CCLAT adopte ces résolutions, la vape et tous les ex-fumeurs ne s’en remettraient pas. De mesures iniques en mesures iniques, l’OMS décourage les fumeurs de basculer vers le vapotage. Son aveuglement a déjà été dénoncé, et ce, plusieurs fois. Notamment par l’ancien directeur du bureau de Genève de l’OMS, Robert Beaglehole. Un comble !

Pourquoi autant d’acharnement alors que les anglais ont démontré, depuis des années déjà, que promouvoir le vapotage vs tabac fumé donne d’excellents résultats ? Les chiffres parlent d’eux-même. La Nouvelle Zélande, après avoir eu une approche hostile, s’est finalement ravisée et en fait également la promotion. Les résultats sur la prévalence tabagique est cohérentes avec les anglais. On peut d’ailleurs se demander comment ces deux pays vont accueillir ces recommandations, car ils font partie, tous les deux, de la CCLAT.

source : Menaces de l’OMS sur le vapotage, quatre associations lancent l’alerte

1 – Experimenting first with e-cigarettes versus first with cigarettes and transition to daily cigarette use among adolescents: the crucial effect of age at first experiment

2 – Relations entre vapotage et tabagisme chez les adolescents en classe de seconde. Résultats d’une étude observationnelle descriptive transversale et monocentrique menée dans l’agglomération stéphanoise

3 – The use of e-cigarettes in adolescents: public health consequences

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