Comme vous le savez certainement désormais, la suppression de tous les arômes de vape (sauf tabac) est dans les cartons des futures législations européennes. Certains états, aux USA, appliquent déjà ces restrictions. Une étude américaine parue le 26 septembre 2023 propose de mesurer les impacts de ces restrictions sur les ventes de produits du tabac et du vapotage.
Contexte
Aujourd’hui, plus de 375 localités dans 7 états et Washington D.C ont restreint de façon permanente la vente de vape aromatisée. La présente étude s’est déroulée de janvier 2018 à mars 2023.
Plusieurs enquêtes ont déjà démontré l’importance du choix des arômes dans les e-liquides à vapoter1. La motivation de basculer vers la vape en dépend manifestement. Les économistes s’intéressent depuis longtemps aux effets des restrictions des arômes sur l’utilisation des produits du tabac traditionnels. L’impact de telles restrictions demeure flou en ce qui concerne le vapotage. C’est pourquoi cette étude propose d’en mesurer les impacts sur les ventes des deux produits (vape et tabac fumé).
Il faut savoir qu’aux USA, les produits de la vape sont particulièrement réglementés. Bien plus encore qu’en UE. Toute vente de produit du tabac et/ou dérivé doit passer par les exigences préalables de la FDA2 via la PMTA. Et cela est donc valable pour la vape, e-liquides comme matériels. A ce jour, la FDA a approuvé seulement 23 produits ; tous étant non-aromatisés (donc, seulement en arômes « tabac »).
- NDLR : vous allez vous en rendre compte avec les résultats de l’enquête Merci La Vape très prochainement.
- Food and Drug Administration : administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments.
- Premarket Tobacco Applications
Méthode
L’enquête porte sur les ventes de produits au détail dans 44 états américains et ce, de janvier 2018 à mars 2023. Les données primaires portent sur les ventes de produits de la vape par unités normalisées (dosettes) et de cigarettes par paquets. Elles sont analysées globalement puis par type d’arôme. Les ventes de cigarette furent également stratifiées selon les profils d’âge des consommateurs.
L’étude a pris en compte chaque loi, arrêté, règlement ou ordonnance, selon les dates d’adoption, d’entrée en vigueur et dates d’application. Les produits concernés étaient les e-cigarettes, les cigarettes combustibles, les cigares, les narguilés et produits du tabac sans fumée. Aux USA, une telle enquête est relativement complexe étant donné la principe de subsidiarité inhérent au système législatif américain. En effet, les lois peuvent être différentes selon qu’elles sont fédérales, par état ou même par comté et commune.
Résultats
Au cours de l’étude, le pourcentage moyen de personnes résidentes dans les états couverts par les restrictions est passé de 2,1% à 15%.
Sans rentrer dans tous les détails complexes de l’étude, il ressort qu’avec la suppression des arômes dans la vape :
- Plus les individus sont soumis à des restrictions sur les arômes de vape moins il y a de ventes de vape et plus il y a de ventes de cigarettes. Les effets sont les mêmes lorsque les ventes de vape sont totalement interdites. C’est à dire que le taux de personnes « switchant » vers le tabac combustible augmente de façon corrélée.
- Les relations entre ventes d’e-cigarettes et de cigarettes sont plus importantes à long terme selon les politiques de restriction des arômes. Ce qui signifie que la différence de ventes des deux produits augmente avec le temps.
- 71 % de l’augmentation des ventes de cigarettes associée aux restrictions sur les arômes de vape provient des cigarettes non-aromatisées. Le report de consommation vers le tabac combustible ne peut être attribué à la disponibilité des cigarettes menthol. Ce report ne peut non plus être contrecarré par la restriction de vente des cigarettes menthol.
- La relation entre les restrictions d’arômes de vape et les ventes de cigarettes est valable pour tous les profils d’âge concernant les produits du tabac, y compris pour les marques utilisées de manière importante par les mineurs.
- La distinction entre les interdictions d’arômes dans la vape et les politiques moins restrictives limitant les ventes de vape aromatisée à certains types de détaillants révèle que les deux politiques entraînent une réduction des ventes d’e-cigarettes et une augmentation des ventes de cigarettes combustibles une fois qu’elles sont en vigueur pendant au moins un an.
Conclusion
Les résultats de cette étude montrent que la suppression des arômes de vape encouragent le remplacement vers le tabac combustible. Ceci est d’ailleurs cohérent avec 16 des 18 autres études évaluant la consommation de cigarettes après l’adoption d’autres lois sur la vape. Ces dernières concernant l’âge minimum légal, l’augmentation des taux d’imposition et les restrictions en matière de publicité sur la e-cigarettes. Le résultat était attendu mais il est bon de le quantifier et de le mesurer avec une étude scientifique. Les cigarettes combustibles étant beaucoup plus nocives que la vape (et c’est un doux euphémisme), on peut en conclure que les politiques de restrictions sur les arômes de la vape sont inutiles et même contre-productives.
Dès lors, on peut se demander pourquoi l’Union Européenne envisage de telles mesures. Certains pays ayant même déjà adopté de telles restrictions. Doit-on en conclure que le personnel politique est bien plus sensible aux injonctions idéologiques plutôt qu’à la science ?
Il est clair que l’épidémie EVALI a eu un effet dévastateur dans l’opinion publique. Le vapotage « normal » n’est pas responsable de ces évènements. C’est officiel, aucun mystère là-dessus. Mais le mal est fait. On peut se dire que bon nombres de restrictions actuelles découlent de ces évènements. Mais pas que. Les médias ont largement contribué à cette désinformation. Manipuler l’opinion publique est très facile, dans un sens comme dans l’autre. Et les politiques sont … disont très sensibles à l’opinion publique. Allez savoir pourquoi…
Source : E-cigarette Flavor Restrictions’ Effects on Tobacco Product Sales