Le 22/09/2020, la chaîne ARTE nous a gratifié d’un reportage Thema sur la vape. On s’attendait à quelque chose de sérieux, mais il n’en fut rien. Bien au contraire.
Reportage à charge
Je vais vous dire : honnêtement, je voyais ARTE comme une chaîne de TV sérieuse qui se documente et qui creuse ses sujets avec rigueur. En fait non. Elle relaye aussi des idéologies plus ou moins farfelues et verse même, parfois, dans le complotisme de bas-étage sur certains sujets. En tout état de cause, ce fut le cas le 22 septembre dernier. Le « Thema » du soir s’intitulait : Cloper sans fumée – La nicotine revisitée. Et nous avons eu droit à un beau florilège de poncifs tous plus éculés les uns que les autres.
La nicotine, c’est mal
Voilà le genre d’argument qui frappe les consciences. Pourtant, et on le sait depuis très longtemps, la nicotine n’est pas le problème. D’une part, elle n’est pas cancérigène, mais un récent sondage BVA/SoVape à montré que 78% des français le croient. Ce qui est tout bonnement hallucinant. Pis, certains médecins le croient aussi.
Évidemment, l’idéologie selon laquelle la nicotine est une drogue dure et que toi, fumeur, tu es un camé de la pire espèce, continue à hanter les consciences. Donc, nous allons le redire, la nicotine n’est pas une drogue dure. La cigarette, dans son ensemble (et pas que la nicotine) est une addiction. Ça, c’est clair. Et il semble bien qu’aucun braquage de pharmacie n’ait eu lieu afin de se procurer des patches ou des gommes.
Le spectre de Big Tobacco
Ce qu’il ressort de ce reportage, c’est que la vape est systématiquement assimilée aux industriels du tabac. Ça aussi, c’est un poncif qui a la vie dure. Or, 85% de l’industrie de la vape est indépendante de Big Tobacco. Pour autant, tous les ayatollah anti-vape le croient dur comme fer. Malgré les chiffres et statistiques à la clé, rien à faire, le discours est toujours le même. Cela relève de la paresse intellectuelle la plus crasse. Ou bien, c’est qu’il y a d’autres intérêts à le marteler sans cesse.
En fait, on peut constater que cette guerre contre la vape vient essentiellement des USA. En effet, le succès monstre de la JUUL outre-atlantique inquiète les opposants qui y voient une charge de Big Tobacco. Alors, oui, le principal actionnaire de JUUL s’appelle Altria ; et Altria est une émanation de Philip Morris. Mais au départ, JUUL était une entreprise indépendante. Ensuite, la JUUL …. et bien c’est de la vape ; n’en déplaise à tout les détracteurs du dispositif. Enfin, on ne va surtout pas parler de la baisse spectaculaire de la prévalence tabagique aux USA et de ses conséquences financières hein ? Non, on ne va pas en parler. Si vous voulez en savoir plus, c’est ici.
Même si 15% de la vape appartient à Big Tobacco, est-ce pour autant qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain ? Ça n’a aucun sens. La vape reste la vape, et qu’elle soit estampillée BAT ou Imperial Brands, ça reste de la vape et donc, de la réduction du risque. Cela dit, si on pouvait empêcher l’industrie du tabac de s’emparer de ce bébé, ça serait une bonne chose. Et ça, aucun anti-vape ne comprend l’enjeu et reste muré dans ses certitudes.
EVALI et vapotage
ARTE a largement insisté sur les morts américains de l’été 2019. On voit un jeune homme qui a du subir une greffe des poumons suite à son vapotage avec force musique tragique derrière (ben oui, on est là pour faire du sensationnel vous comprenez ?). Est-il besoin de revenir encore sur cette affaire dont nous avons largement parlé ici même :
Les malades américains de la vape
Maladie des vapoteurs US : du nouveau
Et là où cela devient grave, c’est qu’ARTE n’a, à aucun moment, parlé des e-liquides du marché noir coupé à l’acétate de vitamine E. Non, non. Le jeune homme a vapoté et a perdu ses poumons. Point. On appelle bien ça de la Fake News il me semble non ?
Témoin à charge
Attendez, ce n’est pas fini. Le reportage présente une interview de Stanton Glantz, un militant anti-vapotage bien connu aux USA et dont les accointances avec un autre ayatollah anti-vape, Michael Bloomberg, sont assez bien connues. Cependant, ce monsieur s’est fait épingler, l’an passé, pour falsification scientifique suite à une étude publiée dans le Journal of the American Heart Association. Étude dont il a été démontré que les conclusions étaient fausses et que ça n’était pas un erreur. L’étude fut ensuite rétractée de la revue scientifique, ce qui est un évènement assez grave. Et donc, ARTE propose un entretien avec cet individu ? Bravo. 20 sur 20.
Conclusion
Le reportage à charge d’ARTE est un concentré de fake news et de fake science visant à dissuader le fumeur de basculer sur le vapotage. En cela, la chaîne publique franco-allemande alimente la propagande anti-vape issue de la Commission Européenne. Cette accointance est des plus étrange, soit dit en passant.
Alors, pour nuancer mes propos, on peut comprendre la réticence de certains à voir la vape comme un substitut infiniment moins dangereux que le tabac fumé. Certes, l’industrie du tabac a usé, par le passé, de tous les moyens stratégiques et marketing pour maintenir le fumeur dans son addiction. Il est donc normal d’être particulièrement méfiants vis-à-vis de ces multinationales. Mais attention. Une autre industrie voit la vape comme un danger pour ses profits. Vous l’aurez compris, l’industrie pharma, ayant raté le coche, fait ce qu’elle peut pour dégommer cet intrus de son pré carré. Et pour le coup, si Big Tobacco n’est pas en odeur de sainteté à l’OMS, Big Pharma est autrement mieux accueillie. Encore une fois, la vape est une industrie à 85% indépendante dont les acteurs sont d’anciens fumeurs désireux de sortir de cette addiction. Quand les propagandistes anti-vape vont-ils comprendre cela ?
Suite à la diffusion de cette émission, bon nombre de saisines ont été déposées au CSA. Si cela vous tente, ça se passe ici.