Belgique : le CSS recommande la vape

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Le CSS est l’équivalent belge de la HCSP* français. En juin dernier, le CSS a revu son avis, datant de 2015, sur le vapotage. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est plutôt positif. La Belgique est plus restrictive que la France dans sa législation sur la vape. En revanche, force est de constater que les autorités de santé françaises ont toujours du mal à reconnaître l’apport de la vape dans la réduction des risques. Le dernier rapport du HCSP est sans équivoque sur le sujet. Aujourd’hui, le CSS recommande la vape dans un rapport détaillé de 178 pages.

*Haut Conseil de la Santé Publique

Elle [la e-cigarette] constitue une meilleure alternative au tabac pour les fumeurs et peut être utilisée comme aide au sevrage tabagique

Le contexte

La Belgique fait partie de l’Union européenne. Le pays est donc soumis à la même TPD (Tobacco Product Directive) que la France. La TPD est un cadre légal que chaque état membre de l’UE doit intégrer dans sa législation, à minima. C’est ce que la France à fait pour le coup (à minima). La Belgique, quant à elle, est allé plus loin dans restriction du vapotage. Chez nos amis du Plat-Pays, il est interdit de vapoter dans les lieux publics par exemple. De plus, la vente à distance (internet en premier lieu) est strictement interdite excepté pour les e-liquides non-nicotinés. Les ventes transfrontalières sont, en revanche, autorisées, mais seulement entre professionnels. Le particulier n’a pas droit d’acheter à l’étranger.

La grande majorité des risques liés au tabagisme ne sont pas dus à la nicotine elle-même mais de nombreux fumeurs et ex-fumeurs pensent à tort que la nicotine est l’unique responsable des cancers liés au tabac.

Un rapport exhaustif

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rapport du CSS est très complet. Ce sont pas moins de 178 pages qui balayent à peu près tous les sujets concernant le vapotage en Belgique. Le rapport est touffu, c’est le moins que l’on puisse dire. Cependant, il en ressort trois points stratégiques :

Point n°1

La e-cigarette n’est pas sans risque. Les données à long terme manquent encore et les e-liquides contiennent des substances dont les informations de toxicité à l’inhalation font défaut encore aujourd’hui. De plus, les produits nicotinés ne sont pas anodins en raison d’une possible dépendance sur les non-fumeurs. En conséquence, la e-cigarette n’est pas recommandée pour les non-fumeurs, particulièrement les jeunes.

Bon, on enfonce un peu les portes ouvertes sur ce point. Personne n’a jamais dit que la vape était sans risque. Non, ici on parle de réduction des risques. Et la réduction n’est pas de 5 ou 10%. On est au minimum à 95% de risques en moins. On peut aussi ergoter sur les données à long terme. En effet, nous n’avons pas 30 ans de recul. En revanche, nous arrivons à 20 ans l’an prochain. Aujourd’hui, il n’y a aucun mort du au vapotage à déplorer (et on passera sur l’affaire EVALI aux US en 2019, les causes sont claires et entendues).

Point n°2

Le risque relatif entre cigarette et vapotage est clair. La e-cigarette est considérée comme moins nocive et elle constitue une meilleure alternative au tabac pour les fumeurs. Elle peut donc être utilisée comme une aide au sevrage tabagique. La vape peut aussi jouer un rôle important dans les politiques de sevrage des populations vulnérables et en en difficultés financières. On sait que ces groupes de personnes fument beaucoup plus que la moyenne. En revanche, il est entendu que le bénéfice du vapotage s’entend avec un arrêt complet du tabac fumé.

Oui, le risque relatif est très faible pour la vape. Mais ça, on le sait depuis des années. Enfin, mieux vaut tard que jamais. D’autre part, la vape est un apport très important dans l’arsenal de réduction des risques pour les populations en précarité. Nos amis de La Vape Du Cœur en savent quelque chose puisque c’est leur quotidien. Les fumeurs ont tout intérêt à « switcher » totalement vers la vape ; la diminution du risque n’est pas linéaire lorsque l’on baisse sa consommation de cigarettes. Pour les gros fumeurs, on peut tout à fait mélanger patch et vape (une solution assez efficace au demeurant).

Point n°3

La vape doit être traitée comme telle par les responsables politiques. L’accessibilité au tabac fumé devrait être davantage restreinte.

La première phrase est un peu floue. Que veut dire : « traitée comme telle » ? Ce terme pourrait être interprété par les anti-vape à leur avantage. Gageons que cela veuille dire que la vape doit être considérée comme une alternative beaucoup plus saine que la clope et que les politiques publiques doivent encourager les fumeurs à la considérer comme alternative.

Les restrictions d’accès

Au-delà des trois axes cités plus haut, le CSS « plaide pour une politique englobe les limitations d’accès pour le tabac fumé ET pour la vape. Mais il ne faut pas que cette politique compromette l’objectif de réduction de la prévalence tabagique. »

En somme, c’est la quadrature du cercle. Bon courage pour mettre cette politique en place. C’est justement le chemin que n’a pas pris le Royaume-Uni en encourageant l’usage de la vape à tous les niveaux. Espérons simplement que ce soit l’accès au mineur qui soit plus restrictif. Sinon, cela risque d’être compliqué.

La nicotine

Le CSS met l’accent également sur la non-toxicité de la nicotine et que le problème de la cigarette est la combustion du tabac. Beaucoup trop de personnes pensent, encore aujourd’hui, que la nicotine est l’unique responsable des cancers du tabagisme. Il n’y a rien de plus faux. Et, malheureusement, il n’y a pas que les fumeurs qui le pensent : certains médecins croient encore que la nicotine est cancérigène.

Conclusion

Effectivement, on pourrait penser que tout n’est pas gagné pour la vape en Belgique. En revanche, c’est tout de même une avancée très significative pour nos voisins du Plat Pays. Avec une politique belge plus restrictive que la française, la baisse de la prévalence tabagique avait du plomb dans l’aile. Mais bon, on peut au moins noter que le CSS considère la vape comme une alternative bien moins dangereuse que la cigarette et que les autorités de santé belges doivent en tenir compte désormais. C’est déjà ça.

Source : https://www.health.belgium.be/fr/avis-9549-cigarette-electronique-evolution

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