On le savait, la Commission Européenne était en train d’étudier le cas de la cigarette électronique. Le comité scientifique nommé SCHEER (Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks) à rendu son rapport d’opinion le 23 septembre 2020. Voici donc ce qu’il en ressort.
Le rapport SCHEER
Selon la Commission Européenne et les dernières données scientifiques récoltées, il fallait réviser la TPD. Elle a donc mandaté un comité scientifique, le SCHEER, pour analyser ces données et donner ses préconisations en ce sens, selon les obligation de l’article 28 de la directive 2014/40/CE sur les produits du tabac (TPD).
La conclusion du rapport SCHEER
pour les utilisateurs de cigarettes électroniques
- La preuve concernant les risques de lésions irritatives locales des voies respiratoires est i) modérée pour les gros utilisateurs de cigarettes électroniques en raison de l’exposition cumulative aux polyols, aux aldéhydes et à la nicotine, et ii) à ne pas exclure pour les utilisateurs moyens et légers. Toutefois, l’incidence globale signalée est faible.
- Les preuves concernant les risques d’effets systémiques à long terme sur le système cardiovasculaire est forte.
- les preuves concernant les risques de cancérogénicité des voies respiratoires dus à l’exposition cumulative à long terme aux nitrosamines et à l’exposition à l’acétaldéhyde et au formaldéhyde est faible à modéré. Le poids de la preuve des risques d’effets nocifs, en particulier de cancérogénicité, dus aux métaux dans les aérosols est faible.
- les preuves concernant les risques d’empoisonnement et de blessures dues à des brûlures et à des explosions est importante. Cependant, l’incidence est faible.
- la preuve concernant les risques d’autres effets néfastes à long terme sur la santé, tels que les maladies pulmonaires, le CNS et les effets reprotoxiques, plausible sur la base de l’identification des dangers et des preuves humaines limitées, ne peut être établie en raison du manque de données cohérentes.
- à ce jour, il n’existe pas de données spécifiques indiquant que des arômes spécifiques utilisés dans l’UE présentent des risques pour la santé des utilisateurs de cigarettes électroniques à la suite d’une exposition répétée (mais peuvent renforcer l’attrait).
pour les personnes exposées indirectement
- la charge globale de la preuve est modérée pour les risques de lésions irritatives locales des voies respiratoires.
- la charge globale des preuves concernant les risques d’effets cardiovasculaires systémiques chez les personnes exposées indirectement en raison de l’exposition à la nicotine est faible à modérée.
- La charge globale des preuves du risque cancérogène dû à l’exposition cumulée aux nitrosamines est faible à modérée
Les cigarettes électroniques sont relativement nouvelles en termes d’exposition des humains. Des recherches supplémentaires sont nécessaires, en particulier sur les effets à long terme sur la santé.
En ce qui concerne le rôle des cigarettes électroniques en tant que passerelle vers le tabagisme, en particulier pour les jeunes, le SCHEER conclut qu’il existe des preuves solides que les cigarettes électroniques sont une passerelle vers le tabagisme pour les jeunes. Il existe également des preuves solides que la nicotine contenue dans les liquides électroniques est impliquée dans le développement de la dépendance et que les arômes contribuent de manière significative à l’attrait de l’utilisation des cigarettes électroniques et à l’initiation au tabac.
En ce qui concerne le rôle des cigarettes électroniques dans l’arrêt du tabagisme traditionnel, le SCHEER conclut que les preuves de l’efficacité des cigarettes électroniques pour aider les fumeurs à arrêter de fumer sont faibles, tandis que les preuves de la réduction du tabagisme sont jugées faibles à modérées.
Que peut-on y voir ?
Dans ce rapport, il apparaît clairement que le SCHEER souffle le chaud et le froid sur un sujet mal maîtrisé. Plusieurs assertions sont fausses alors que des études sérieuses ont déjà été menées sur ces sujets. Par ex :
L’effet passerelle chez les jeunes :
Plusieurs études démontrent que cet argument n’est pas pertinent
L’efficacité dans l’arrêt ou la réduction du tabac fumé est faible :
Ah bon ? Et ça, ça sort d’un chapeau ?
https://tobaccocontrol.bmj.com/content/early/2020/01/03/tobaccocontrol-2019-055190
L’étude vise à mettre en relation l’utilisation de la cigarette électronique et le sevrage tabagique dans l’Union européenne (UE) en 2017 selon la fréquence d’utilisation de la e-cigarette et la durée du sevrage tabagique dont la conclusion est :
L’utilisation quotidienne actuelle de la cigarette électronique dans l’UE en 2017 était rare chez les anciens fumeurs de plus de 10 ans et était positivement associée à l’abandon récent du tabac (≤5 years). L’ancienne utilisation quotidienne de cigarettes électroniques était également associée positivement à l’arrêt récent du tabac (≤2 ans).
D’autre part, le Dr Farsalinos estime qu’on a « 5 fois plus de chance d’arrêter de fumer avec la e-cigarette sans risque réel de rechute« .
Les risques cardiovasculaires à long terme sont forts :
Ah oui. On la connait celle-là. C’est la nicotine non ? Non mais là, c’est une blague. Pour commencer, la nicotine n’est pas cancérogène. C’est avéré, et ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’Institut National du Cancer. Quant aux conséquences, la Fédération Française de Cardiologie le dit elle-même : Les effets sont « volontiers surestimés » et restent transitoires au moment où l’on fume une cigarette. On pourra même ajouter : transitoires et non linéaires. Après 3 cigarettes, dans la journée, il n’y a quasiment plus d’effets sur le système cardiovasculaire.
Mais au fait … ah non. Ce n’est pas la nicotine, mais sans doute le rapport mensonger et dénoncé puis retiré du JAHA* du sieur Stanton Glantz. Ce rapport fait suite à une étude de M. Glantz en en biaisant les observations. Oui, oui, il a tout simplement omis (mensonge par omission on dit) de préciser que les participants de l’étude ayant eu un infarctus l’avaient fait avant de vapoter. Certains, 10 ans avant. Il a aussi évité de préciser que les effets du tabagisme pouvaient se manifester 15 ans après l’arrêt total. C’est ballot non ? Et donc, le comité européen se serait basé là-dessus ?
Conclusion
Je ne sais pas ce que nous réserve la Commission Européenne, mais peut-on raisonnablement douter de ses bonnes intentions en matière de santé publique ? Six ou sept millions d’européens ont cessé de fumer grâce à la e-cigarette. Ce qui veut dire qu’il y six ou sept millions de contributeurs de taxes en moins. Oui, je sais, on va me dire que je fais du complotisme à deux balles. Mais, on le voit dans le rapport, tous les indicateurs de risques sont faibles ou, éventuellement, modérés. Le reste prête vraiment à caution. Alors, il va se passer quoi à votre avis, sachant que l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas veulent restreindre encore plus l’accès au vapotage en ce moment même ? Notamment en supprimant les arômes autres que tabac et menthe sinon ça attire les jeunes.
D’autre part, et ça, le rapport ne le mentionne évidemment pas, la vape est un produit connexe du tabac dans la TPD. La Commission Européenne estime donc que la vape devrait subir la même harmonisation fiscale. Vous l’aurez compris, on parle des taxes d’accise sur les produits de la vape. Il faut juste savoir que la Commission Européenne, du haut de son perchoir de Bruxelles, n’entend rien au phénomène vape et assimile systématiquement la vape à l’industrie du tabac, en la qualifiant de poison à l’époque du « regretté » commissaire Andriukaitis. Cela montre que la Commission n’entend strictement rien au sujet et vit dans des idéologies mortifères et sans fondements.
Voilà. Ce rapport est donc préliminaire et non définitif. On va voir à quelle sauce Bruxelles veut nous manger.
*Journal of the American Heart Association
Source : https://ec.europa.eu/health/scientific_committees/scheer/opinions_fr