Le baromètre santé 2018 de Santé Publique France (SPF) confirme le bon résultat de 2017. L’année 2018 a vu également une baisse significative de la consommation de tabac fumé. La prévalence tabagique quotidienne reste cependant élevée dans notre pays avec 25,4%. La e-cigarette demeure globalement peu utilisée ; les médias en sont largement les instigateurs même si le discours commence à changer. Évidemment, il y a toujours plus de fumeurs chez les personnes en difficulté financière ou précarité.
Une baisse significative depuis 2017
La prévalence tabagique était relativement stable depuis un certain nombre d’années en France. En 2017, une baisse inédite depuis 2005 a eu lieu. Fait intéressant, la baisse était très nette pour les mineurs de moins de 17 ans. D’après l’étude qualitative d’Aramis, le tabac est perçu comme de plus en plus négatif chez les mineurs.
Résultats du baromètre 2018
Le graphe ci-dessus montre bien la baisse continue, depuis 2 ans, de la consommation de tabac, quel que soit le sexe.
Le graphique ci-dessus en très intéressant et entérine le fait que les baisses sont les plus marquantes dans la tranche d’âge 18/54 ans. Ce qui est étonnant, c’est que le tabagisme augmente chez les femmes à partir de 45 ans. La baisse est globalement plus marquée chez les hommes sur toutes les tranches d’âge.
La précarité, facteur marquant
Ce n’est une surprise pour personne, la situation sociale du fumeur est un facteur déterminant. On le voit bien sur les graphiques ci-dessous :
Les personnes sans diplômes fument largement plus que les diplômées. Il n’empêche que cette catégorie de personnes enregistre la baisse la plus spectaculaire avec un point de convergence en 2018 avec les diplômes inférieurs au bac.
Même constat pour les situations professionnelles : la prévalence est nettement plus élevée. Comme pour les diplômes, la catégorie des chômeurs montre la plus forte baisse de consommation.
Confirmation par les terciles de revenus. La baisse est toujours plus élevée pour le premier tercile mais la consommation reste largement au-dessus des autres catégories socio-professionnelles. Il est cependant étrange de constater une légère augmentation du tabagisme pour les revenus les plus élevés en 2018 par rapport à 2017.
Ce constat est largement confirmé par l’association La Vape Du Coeur qui intervient quotidiennement dans les centres spécialisés et hôpitaux auprès de la population précaire.
Et la E-Cigarette du coup ?
En 2018 :
34,7% des 18/75 ans avaient déjà essayé la e-cigarette ; 5,3% l’utilisaient lors de l’enquête et 3,8% l’utilisaient quotidiennement.
Ces trois indicateurs ont augmentés par rapport à 2017 ; respectivement pour : 32,8% , 3,8% et 2,7%.
Santé Publique France souligne que, selon les observations entamées en 2010, la e-cigarette intéresse majoritairement les fumeurs. Le fameux effet passerelle n’a toujours pas été démontré.
Les vapoteurs quotidiens étaient 40,7% à fumer du tabac quotidiennement et 10,4% occasionnellement, 48,8% étaient d’anciens fumeurs et moins de 1% n’avaient jamais fumé. Cette structure est inchangée par rapport à 2017.
Le graphique ci-dessus confirme bien une chose :
- Il n’y a pas d’effet passerelle avéré vapotage -> cigarette.
- L’usage quotidien et actuel de la e-cigarette est nul chez les non-fumeurs, même après expérimentation.
Conclusion
Santé Publique France souligne que le tabagisme quotidien a clairement baissé en 2018 (de 26,9% à 25,4%). Cette tendance à la baisse est confirmée par les livraisons de tabac aux buralistes (-8,8%).
D’autre part, SPF insiste sur le fait que les méthodes utilisées peuvent induire une certaine volatilité des chiffres lorsque l’on rapproche les sondages. De plus, les fumeurs de chicha sont considérés désormais comme fumeurs, ce qui n’était pas le cas en 2017. Cela influe sur le différentiel des fumeurs occasionnels entre les deux années (mais pas sur les fumeurs quotidiens). Néanmoins, cette enquête confirme tout de même cette tendance à la baisse.
Cela dit, il ne faut pas se rouler par terre de joie. La France conserve une prévalence tabagique très élevée par rapport à nos voisins européens. Notamment chez les femmes. La différence est encore plus forte avec les USA et l’Australie.
On peut aussi constater que la e-cigarette suscite encore de la méfiance chez les fumeurs. On peut sans doute en attribuer la faute à la communication désastreuse des médias. Comme d’habitude, les médias mainstream n’offrent aucune rigueur scientifique et adorent affoler la population avec des titres racoleurs et passablement faux ; ou du moins, ni analysés, ni vérifiés.