Les études US sur la vape chez les jeunes présentent de nombreux biais

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L’étude intitulée « Measures of youth e-cigarette use: strengths, weaknesses and recommendations », publiée en 2024 dans Frontiers in Public Health, examine les façons actuelles de mesurer l’utilisation de la vape chez les jeunes. Elle met en lumière plusieurs lacunes des méthodes existantes. Elle propose donc des recommandations pour améliorer la précision des enquêtes et la compréhension du phénomène.

Introduction

Les cigarettes électroniques ont rapidement gagné en popularité parmi les jeunes au cours de la dernière décennie. Cependant, mesurer de manière adéquate leur utilisation présente des défis uniques. Les adultes utilisent souvent la vape de façon stable et régulière. Les jeunes, en revanche, adoptent des comportements d’usage plus variés. Certains ne consomment des e-cigarettes que de manière occasionnelle ou expérimentale. D’autres peuvent alterner entre plusieurs produits de vapotage, ou même revenir à l’abstinence après une brève période d’utilisation. L’usage est très différent.

Le parcours de la vape aux USA

L’étude montre des points intéressants également. Notamment sur la chronologie de l’usage de la vape aux USA. La e-cigarette est apparue en 2007 outre-Atlantique. La prévalence restait faible à cette époque (moins de 2%) et au moins jusqu’en 2012. Par la suite, elle a fluctué entre 3% et 4% jusqu’en 2018. Le marché a commencé à augmenter en 2013 avec l’arrivée des Blu, Vuse et Juul en 2017. Puis, ce sont les Puffs qui arrivèrent en 2021/2022.

L’étude précise qu’il y eut un pic de consommation* en 2019 puis une chute drastique en 2023 (>60%). Ce qui semble bien montrer que l’usage du vapotage chez les jeunes demeure plus une expérimentation ou un effet de mode plutôt qu’une consommation à long terme. Par corollaire, cela montre également que le vapotage présente un risque de dépendance bien plus faible. Il est aussi intéressant de constater un déclin historique du tabac fumé avec l’arrivée des produits de la vape, soit 1,5% de prévalence chez les jeunes aujourd’hui, aux USA.

*La consommation se mesure au sens de l’usage au cours des 30 derniers jours

Limites

L’une des principales limites soulignées par les auteurs de l’étude est que les méthodes actuelles de mesure sont souvent dérivées de celles utilisées pour le tabagisme traditionnel chez les adultes. Ces méthodes tendent à simplifier l’usage des cigarettes électroniques à des catégories dichotomiques telles que « utilisateur » ou « non-utilisateur ». Or, cette classification binaire échoue à capturer les nuances de l’utilisation des e-cigarettes chez les jeunes. Ces derniers pouvant avoir des comportements expérimentaux, sporadiques ou intensifs.

De plus, les enquêtes se concentrent souvent sur des périodes limitées (comme l’utilisation au cours des 30 derniers jours) sans évaluer la fréquence ou l’intensité de l’usage. Cela peut conduire à une sous-estimation ou une surestimation des risques liés à la consommation de nicotine chez les jeunes. L’étude insiste sur le besoin d’inclure des indicateurs plus détaillés, comme la durée d’utilisation, le type de produit utilisé (par exemple, les dispositifs rechargeables par rapport aux dispositifs jetables), et la concentration en nicotine. Ces variables permettraient une meilleure compréhension des impacts sur la santé, notamment en termes de dépendance.

L’étude souligne également l’importance de tenir compte des motivations sous-jacentes à l’utilisation des e-cigarettes chez les jeunes, qui peuvent être influencées par des facteurs comme la pression sociale, la curiosité, ou la perception du vapotage. Comprendre ces motivations pourrait aider à orienter des campagnes de prévention plus efficaces.

Recommandations

Dans leurs recommandations, les auteurs appellent à une standardisation des méthodes de collecte de données pour permettre des comparaisons fiables entre différentes études et différentes régions. Ils proposent également de renforcer les collaborations entre chercheurs, cliniciens et décideurs publics pour élaborer des politiques mieux adaptées à la réalité du vapotage chez les jeunes.

Conclusion

En conclusion, l’étude met en évidence la complexité de l’usage des cigarettes électroniques chez les jeunes et la nécessité de réviser les approches actuelles pour mieux comprendre ce phénomène. Il est clair qu’utiliser les mesures habituelles du tabagisme ne sont pas pertinentes vis à vis du vapotage. Cela conduisant à de mauvaises interprétations des études et des réactions émotionnelles irrationnelles. Une mesure plus fine et plus adaptée de cet usage est essentielle pour développer des interventions de santé publique qui répondent efficacement aux enjeux posés par cette nouvelle forme de consommation de nicotine.

Quoiqu’il en soit, il est aujourd’hui acquis que la vape ringardise le tabac fumé chez les jeunes. Ce qui est franchement une bonne nouvelle compte tenu du risque infiniment plus faible du vapotage.

Source : Measures of youth e-cigarette use: strengths, weaknesses and recommendations

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