La vape cause-t-elle l’impuissance ?
Une étude récente suggère que la cigarette électronique (e-cigarette) ou le vapotage pourraient être liés à la dysfonction érectile. Les résultats sont alarmants s’ils sont valides, mais il y a plusieurs raisons critiques de douter de leur validité.
Une série récente d’études a lié l’utilisation de cigarettes électroniques (vapotage) à une série de résultats négatifs, y compris des dommages osseux, des accidents vasculaires cérébraux, une rechute dans la consommation de cigarettes et la dépression. Ces associations sont très probablement spéculatives pour plusieurs raisons et il semble que nous devions ajouter encore une autre conséquence négative du vapotage à cette liste de maladies spéculatives. Selon une étude de novembre publiée dans l’American Journal of Preventative Medicine, le vapotage peut augmenter votre risque de dysfonction érectile (ED) et causer l’impuissance.
« L’utilisation de cigarettes électroniques semble être associée à la dysfonction érectile indépendamment de l’âge, des maladies cardiovasculaires et d’autres facteurs de risque. Alors que les cigarettes électroniques restent en cours d’évaluation pour leur potentiel de réduction des dommages et de cessation du tabagisme, les utilisateurs de cigarettes électroniques devraient être informés de l’association possible entre l’utilisation de cigarettes électroniques et la dysfonction érectile. »
La mal-mesure de l’homme
L’étude a porté sur 13 711 participants masculins âgés de 20 ans ou plus qui ont signalé leur expérience de la dysfonction érectile. Seuls 4,8 % de ces participants étaient des utilisateurs actuels de cigarettes électroniques (vapoteurs) et un peu plus de deux pour cent ont déclaré vapoter quotidiennement. Les données pour l’article provenaient de l’étude Population Assessment of Tobacco and Health (PATH), que nous avons déjà discutée. Les vapoteurs quotidiens actuels étaient plus de deux fois plus susceptibles de signaler la dysfonction érectile que les non-vapoteurs.
Les médias, bien sûr, ont amplifié les résultats. Des médias tels que CNN, Forbes, Insider et People ont tous publié des articles, mais ont tous omis les détails les plus intéressants et importants de l’étude. Si nous prenons en compte ces détails, les résultats semblent beaucoup moins impressionnants que ce que les titres suggèrent.
Mauvaises mesures du vapotage, du tabagisme et de la dysfonction érectile
Les participants à l’étude ont été classés comme utilisateurs actuels à un moment donné (c’est-à-dire, pas tous les jours ou occasionnellement) ou vapoteurs quotidiens, ou fumeurs s’ils consommaient des cigarettes « tous les jours ou certains jours ». Au-delà de ces informations auto-déclarées, les chercheurs ne savaient pas combien ou quelles solutions e-liquides les vapoteurs de leur étude utilisaient, ni combien de cigarettes chaque fumeur consommait. C’est un problème courant dans la recherche sur le vapotage : l’utilisation de la cigarette électronique est définie de manière si large qu’il n’y a aucun moyen d’établir une relation dose-réponse entre le vapotage et le résultat de santé en question.
Les hommes ont été classés de manière similaire comme souffrant de dysfonction érectile en fonction d’une question à une seule question : « Beaucoup d’hommes ont des problèmes lors des rapports sexuels. Comment décririez-vous votre capacité à obtenir et à maintenir une érection suffisante pour un rapport sexuel satisfaisant ? ». Par conséquent, l’étude a peut-être identifié à tort des participants souffrant de dysfonction érectile qui n’en souffrent pas réellement ou a manqué d’autres participants présentant des symptômes légers. Les chercheurs ont résumé le problème avec ces lacunes de données vers la fin de l’article, en écrivant :
« … les analyses étaient basées à la fois sur des données de covariables auto-déclarées, le statut d’utilisation de cigarettes électroniques et le statut de DE, qui sont tous sujets à la classification erronée, au rappel et au biais de désirabilité sociale… »
Le serpent de mer de la causalité : le vapotage a-t-il précédé la DE ?
Un autre problème critique est que l’étude a simplement fourni un instantané de personnes qui ont déclaré vapoter et souffrir de dysfonction érectile. Il n’y a rien de mal avec cette conception d’étude transversale ; elle peut aider à répondre à un certain nombre de questions importantes, mais elle n’est pas utile si l’on essaie d’évaluer les risques à long terme d’une exposition donnée, dans ce cas-ci, le vapotage. Pour mettre en évidence un problème potentiel, les participants ont-ils développé une DE avant de commencer à vapoter ? Si tel est le cas, cela signifie que les cigarettes électroniques ne sont pas en cause, bien que cette étude ne puisse pas tenir compte de cette possibilité.
Facteurs de confusion
Sur une note connexe, une autre exposition que le vapotage pourrait avoir causée la DE chez les participants. Les chercheurs ont ajusté leurs modèles pour plusieurs variables courantes, mais ils avaient encore des angles morts. Par exemple, de nombreux médicaments sur ordonnance peuvent causer ou contribuer à la DE, mais l’étude ne comportait aucune information sur les médicaments ou la consommation de drogues. Même quelque chose comme l’alcool, cette substance hautement addictive que beaucoup d’entre nous consomment sans hésitation, a été liée à la DE dans des études précédentes.
La consommation de pornographie, un passe-temps favori de millions d’hommes américains, a également été posée comme une cause de la DE, notamment chez les groupes d’âge plus jeunes.
D’autres questions clés auraient été interessantes comme utilisez vous des gouts simple et neutre ou des arômes fruités ? A quelle puissance vapez vous ?
Ces facteurs ou d’autres ont-ils contribué à la fréquence de DE signalée dans l’étude actuelle ? Je ne sais pas, et les chercheurs non plus
