Plan BECA, les amendements adoptés

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Plan BECA européen

L’Union Européenne a décidé de s’attaquer sérieusement au problème des pathologies cancéreuses au sein de l’union. Pour cela, la Commission Européenne a mis en œuvre le plan BECA ou BEating CAncer. Évidemment, le tabac fumé est en première ligne. Mais pas que. Le 9 décembre dernier, les amendements du plan BECA ont été adoptés. Amendements dans lesquels on trouve un chapitre consacré à la vape.

Un plan ambitieux

Le parlement européen veut renforcer la lutte contre le cancer et on ne peut que saluer cette initiative. C’est le 23/09/2020 qu’a lieu la première réunion de constitution de la commission spéciale de la lutte contre le cancer.

Cette commission spéciale, aura pour rapporteure Véronique Trillet-Lenoir. Le projet de rapport est lancé le 21/06/2021. Ce rapport établit un plan d’action vers une stratégie globale et coordonnée de tous les états membres dans la lutte contre cette terrible maladie. Suite à ce rapport, les participants de la commission pourront établir une liste d’amendements qui seront débattus les 14/10/2012 et 08/11/2021. Le vote sera prononcé le 09/12/2021.

Le tabagisme en ligne de mire

On le sait depuis longtemps, la tabac fumé est un vecteur majeur des pathologies cancéreuses. Il en est même la principale cause dans le monde avec 6 millions de décès prématurés par an au niveau mondial. Les principaux cancers imputable au tabagisme sont celui des poumons et celui de la vessie. Le tabac fumé est responsable de 80 à 85% des cancers des poumons. Le tabac fumé tue 75000 personnes chaque année en France et reste la première cause de mortalité évitable.

Les chiffres sont implacables, aussi, il semblait urgent que l’UE prenne le problème à bras le corps.

Et la vape là-dedans ?

C’est là que le bât blesse. A la lecture des amendements du plan BECA soumis au vote du parlement, on s’arrête sur le chapitre 8c dont voici la transcription/traduction :

…invite la Commission à poursuivre les évaluations scientifiques des risques sanitaires liés aux cigarettes électroniques, aux produits du tabac chauffés et aux nouveaux produits du tabac, y compris l’évaluation du risque lié à l’utilisation de ces produits par rapport à la consommation d’autres produits du tabac, et l’établissement d’une liste des substances contenues dans et émises par ces produits au niveau européen ; estime que les cigarettes électroniques pourraient permettre à certains fumeurs d’arrêter progressivement de fumer ; considère en même temps que les e-cigarettes ne devraient pas être attrayantes pour les mineurs et les non-fumeurs ; demande donc à la Commission d’évaluer, dans le cadre de la directive sur les produits du tabac, quels arômes des e-cigarettes sont particulièrement attrayants pour les mineurs et les non-fumeurs, et de proposer une interdiction de ceux-ci, ainsi que de tous les arômes caractéristiques des produits du tabac chauffés et des nouveaux produits du tabac.

Si vous souhaitez lire le document original, cliquez sur ce lien (document en anglais)

La première question qui vient à l’esprit est : mais pourquoi parle-t-on de la vape dans ces amendements ? Parce qu’il va falloir rappeler à cette commission l’étude de l’Institut Pasteur1 comparant l’émission de particules cancérigènes entre tabac fumé vs tabac chauffé et vape. Les résultats sont très clairs : c’est -99% au minimum.

On le voit dans cet amendement, tout n’est pas négatif. Mais cela reste désespérément très (trop) frileux.

Pas bons les arômes

Ce qui devient inquiétant dans cet amendement, c’est que l’on commence à pointer du doigt les arômes « trop attrayants » pour les mineurs et les non-fumeurs. Et là, on ne peut s’empêcher d’y voir l’ombre du fameux rapport SCHEER de la Commission Européenne, paru en septembre 2020. Encore une fois, où est le lien avec le cancer ? En perspective de ce point, on retrouve aussi le discours récurrent et indécrottable de l’OMS. Cette dernière influençant très certainement les institutions européennes. Pas étonnant me direz-vous. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus a rencontré une délégation spéciale du comité BECA. Les chats ne font pas des chiens.

Si cette décision devait être entérinée, cela serait un très mauvaise nouvelle pour tous les vapoteurs et les candidats à la défume. On le sait, l’attrait des arômes variés est un élément essentiel au succès du sevrage par la vape. Alors pourquoi parler des arômes dans l’amendement 8c ?

Les jeunes et les non-fumeurs

L’argument du comité BECA vient du fait que certains arômes seraient très attrayants pour les mineurs et les non-fumeurs. Plusieurs études ont démontré que :

  • Le vapotage des mineurs n’ayant jamais fumé reste un effet de mode qui passe assez vite2.
  • Le passage au tabac fumé après une initiation à la vape est marginal et ne semble pas être associé3.

De plus, n’oublions pas que la TPD en vigueur interdit la vente de matériels et e-liquides aux mineurs.

Quant au vapotage des non-fumeurs majeurs, cela ne reste qu’un conjecture infondée2. Quand bien-même un non-fumeur essaierait la vape, il le fera sans nicotine. Et tout comme pour les mineurs, cela reste un effet de mode qui disparaîtra.

Le vote

Quoiqu’il en soit, les amendements du rapport ont été soumis au vote le 9 décembre dernier et ont été adoptés. Bien sûr, il n’est pas demandé à ce que les arômes autres que tabac et menthol soient interdits d’emblée mais surveillés de près.

Alors, qu’est-ce que ça veut dire ? Doit-on craindre une suppression des arômes autres que tabac et menthol ? De plus, trois pays de l’UE ont déjà mis en place cette restriction : la Finlande, la Hongrie et l’Estonie. Plus étonnant, les Pays-Bas et le Danemark ont déclaré suivre la même voie cette année. Tout cela n’augure rien de bon. Cela dit, les décisions au niveau européen sont compliquées et souvent longues à se mettre en place. Des intérêts différents pour chaque pays provoquent bien souvent des blocages plus ou moins long à se résoudre. De plus, on ne sait pas comment s’articulerait cette interdiction. Si cela devait passer par la TPD version 3, il va falloir attendre un peu ; celle-ci ayant été repoussée à 2024.

Conclusion

On peut saluer l’initiative européenne pour ce plan de lutte contre le cancer. En revanche, pourquoi y parler du vapotage ? On demande, encore et toujours, à regarder de près un dispositif de réduction drastique des risques dont on sait aujourd’hui qu’il est au moins 2 fois plus efficace que les substituts pharmaceutiques4.

On ne peut s’empêcher d’y voir une certaine idéologie dans laquelle l’OMS, et ses financements douteux5, joue un rôle majeur. Idéologie influençant étrangement les autorités européennes et son rapport SCHEER.

La suppression des arômes autres que tabac et menthol serait un coup très dur porté aux fumeurs désireux de quitter le tabac fumé. Quoiqu’il en soit, les associations européennes comme l’ETHRA ou françaises comme l’AIDUCE et SOVAPE surveillent cela de près et sont déjà sur le pont pour dénoncer un éventuel projet contre-productif dans la lutte contre les cancers.

Sources

  1. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304389420314060
  2. http://www.tobaccopreventioncessation.com/The-use-of-e-cigarettes-in-adolescents-public-health-consequences,71164,0,2.html
  3. https://academic.oup.com/ntr/advance-article-abstract/doi/10.1093/ntr/ntz157/5570011?redirectedFrom=fulltext
  4. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.15628
  5. https://lavapeducoeur.fr/le-dr-beaglehole-appelle-loms-a-revoir-ses-positions-anti-vape/

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