La vape, ça donne de l’eau dans les poumons ?

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Ca fait longtemps que l’on entend cette allégation. « Quoi ? Tu vapotes ? Mais c’est vachement dangereux. Ca apporte plein d’eau dans les poumons. Tu vas te noyer ».

Vapeur d’eau

Qu’est-ce que la vapeur d’eau ? L’eau est le seul élément naturel capable d’être dans les trois états standards de la matière : solide, liquide et gazeux. Et cet état dépend de la température de l’eau. En dessous de 0°C, c’est de la glace (solide). Entre 0°C et 100° c’est de l’eau (liquide) et au-dessus de 100°C, c’est l’état gazeux. Pour commencer, vous en respirez tous les jours. En effet, la vapeur est présente en très grande quantité dans l’atmosphère. C’est même le principal gaz à effet de serre (le méchant). En même temps, s’il n’y avait plus de gaz à effet de serre, nous serions tous morts de froid.

Le e-liquide

Les e-liquide ne contiennent pas d’eau. Ou s’il y en a, c’est à l’état de traces. La base liquide de votre jus de vape est composée de Propylène Glycol (PG) et de Glycérine Végétale (VG). Ces deux liquides sont plus visqueux que l’eau et la glycérine l’est plus que le propylène.

Alors, là aussi, il faut lever un doute : le e-liquide n’est pas « gras ». On entend souvent ça car lorsque l’on a du liquide sur la main, on a l’impression de toucher de l’huile. Mais le propylène et la glycérine sont de la famille des alcools (rassurez-vous, pas éthylique). Tout ce qui finit par « ol » est de la famille des alcools : propylène glycOL et glycerOL (l’autre nom de la glycérine végétale).

La vaporisation

Lorsque l’on appuie sur le bouton de sa cigarette électronique, un courant issu de la batterie passe dans un fil résistif. Cela provoque un échauffement du fil, lequel est en contact avec une fibre emplie de notre précieux liquide. Comme pour l’eau, lorsque le liquide est chauffé, il se transforme en vapeur … mais pas d’eau. C’est d’ailleurs pourquoi on devrait appeler cette vapeur : aérosol. Ca n’est pas à proprement de la vapeur d’eau. Le PG passe à ébullition à 188,2°C ; la VG à 290°. En revanche, l’angle droit bout à 90°. Ca c’est fait …

L’aspiration

Lorsque le liquide est vaporisé, vous allez le faire entrer dans vos poumons via votre bouche. C’est là que cet aérosol va se charger en eau. En effet, de la vapeur, nous en avons en permanence dans les voies respiratoires. Sinon, nous ne pourrions pas respirer longtemps. Du coup, une fois chargé en eau dans vos poumons, cet aérosol va se transformer en un autre aérosol chargée en eau. En fait, au lieu d’amener de l’eau dans vos poumons, la vape en retire. C’est exactement l’inverse de ce que l’on pense. D’où cette sensation de soif et de déshydratation d’ailleurs.

Pourquoi ?

Le PG et la VG sont, à la base, des humectants. C’est à dire que ces molécules ont beaucoup d’affinités avec H2O. Un humectant est une substance ayant la propriété de retenir l’eau. On s’en sert dans l’industrie pharmaceutique et alimentaire. Si votre pain de mie ne dessèche pas au bout d’un jour, c’est grâce au PG.

Conclusion

Voilà. L’aérosol de e-cigarette ne va pas vous noyer. C’est (une fois de plus) une fake news et une interprétation erronée de la physique. Nous pouvons, en revanche, insister sur le fait de bien s’hydrater lorsque vous vapotez. La déshydratation est bien souvent la source de maux dont on affuble à tort la nicotine.

10 Commentaires

  1. Qu’importe les détracteurs de la E.CIG, Moi je bénis le jour où je l’ai remplacée contre la cigarette…..Rien à rajouter. Chacun fait ce qu’il lui va.

  2. Excellente mise au point, à la fois simple et très didactique, donnant plusieurs éclairages bienvenus, le top étant atteint (clap, clap, Serge !) en rebondissement final : en fait, c’est le contraire, ça enlève de l’eau dans les voies respiratoires et c’est pour ça qu’on a les muqueuses sèches ! Je biche. 🙂

    Le seul point qui me surprend : les températures d’ébullition citées pour les 2 liquides de base. Pour moi, la barre des 200°C, c’est pour les « matières végétales » qu’il faut l’atteindre, pour vaporisation de leurs essences dans l’appareil adéquat.

    Et le point d’ébullition des PG/VG, il m’était resté en tête que c’était autour de 70°, inférieur à celui de l’eau, et que ça avait facilité l’essort de la vape en n’exigeant qu’une énergie très raisonnable pour vaporiser. Le fait que ce soit des alcools (utile rappel) va tout à fait dans ce sens, car dans mon souvenir, cette structure moléculaire correspond, pour tous les corps concernés, à une volatilité supérieure à celle des autres corps.

    Tu peux refaire un peu de didactique approfondi là-dessus, please ? 😉

    • Bonjour Lionel, Merci pour ta question.
      il y a vaporisation lors de l’ébullition et il y a l’évaporation classique.
      Par exemple, l’eau de la mer et des lacs passe de l’état liquide à l’état gazeux spontanément à la seule chaleur du soleil : c’est l’évaporation.
      La vaporisation lors de l’ébullition est un procédé endothermique (qui demande de l’énergie). Le liquide passe de l’état liquide à l’état gazeux sous l’énergie (effet joule) de la résistance. On cherche alors à connaitre la température d’ébullition du liquide. pour le propylène glycol, elle est de 188.2 °C et pour le Glycerol elle est de 290°C (mélange azéotrope / loi de Raoult). A noter que dès que le gaz PG/VG apparait, il est tout de suite refroidi par l’aspiration du vapoteur et retourne instantanément à l’état liquide sous forme d’aérosol, brouillard ou brume. Lorsque l’aérosol atteint les lèvres, il ne dépasse pas la température de 70°C (suivant la distance entre la résistance et le bout du drip-tip. Ecig Recherche a beaucoup travaillé sur ce domaine en 2011.
      Tu trouveras ici http://cigarette-electronique-recherche.fr/2012/11/22/temperature-atomiseur-cigarette-electronique-part-2/

    • Si vous pensez aux formaldéhyde et à l’acétaldéhyde, qui sont des molécules effectivement très dangereuses, leur formation intervient dans la combustion du tabac. La dégradation de la glycérine, pour ces deux composés commence à partir de 350°. On reste sous un rapport molaire relatif de 0,5% jusqu’à 550°. Ce qui reste très faible. Après 550°, le rapport monte de façon très raide. Mais à 350°, nous sommes déjà dans le domaine de la pyrolyse. Ce qui n’est pas le cas de la vape qui chauffe beaucoup moins que ça. Cela dit, je suis curieux de lire votre source 😉

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