Certaines études anglo-saxonnes ont souligné le fait que l’expérimentation du vapotage en première instance pouvait conduire à un futur tabagisme. Ces résultats statistiques sont à prendre avec des pincettes. On peut donc légitimement demander si ce phénomène ne serait pas différent selon le contexte culturel. De plus, les études en question ne prenaient pas en compte l’âge des sujets au moment de la première expérimentation. Une équipe de l’INSERM s’est penchée sur ce problème afin de mesurer l’effet passerelle de la vape au niveau de la France.
Contexte
Il s’agit d’une enquête transversale réalisée sur le territoire français en 2017. L’échantillon était composé de 24111 adolescents français, de 17 à 18,5 ans. Tous avaient déjà expérimenté le vapotage ou le tabac fumé.
Les critères de base étaient définis comme suit :
- Première expérimentation par la vape suivie ou non par une expérimentation du tabac fumé
- Le tabagisme quotidien au moment de la collecte de données
D’autres critères ont été pris en compte comme le sexe, l’âge, le contexte socio-économique, le niveau d’alphabétisation, les redoublements scolaires avant l’exposition et l’expérience de 12 drogues licites et illicites.
Pour éviter un biais de classification erroné, les chercheurs ont utilisé trois modèles d’exposition afin de limiter les incertitudes sur la séquence des évènements définissant l’exposition.
Résultats
Vapoter en première instance plutôt que fumer réduit le risque de tabagisme ultérieur de 42% en moyenne à l’âge de 18 ans. Cependant, ce risque augmente avec l’âge du sujet. Plus on commence jeune, et plus on a de chance de devenir fumeur. Cette étude vient donc bien confirmer que l’effet passerelle de la vape, en tout cas concernant la France, ne présente qu’un faible risque si l’on commence d’abord par vapoter au lieu de fumer.
Évidemment, il sera toujours préférable de ne jamais commencer à vapoter et encore moins fumer. Mais comme nous le savons tous, l’adolescence est une période de défis de d’expérimentations. A tout prendre, il vaut bien mieux commencer par la vape plutôt que par la cigarette.
En tout cas, cette étude de l’INSERM s’ajoute à toutes celles qui ont déjà démontré que l’effet passerelle de la vape n’est pas un argument pour la démolir systématiquement comme le font certaines officines européennes ou associations « marchandes de doutes ».
Je me demande si ils ont séparé les jeunes qui vapotent avec nicotine de ceux sans nicotine?
A priori non. En tout cas, ce n’est pas précisé dans le papier.
Enquête intéressante. Pour rebondir sur ce que disait Nicolas, il aurait été intéressant de faire le tri entre les consommateurs de liquides nicotinés et non nicotinés.
Le principal soucis de la vape chez les ados est la dépendance à la nicotine, qui se développe beaucoup plus vite que chez les adultes mais comme vous le faites remarquer dans votre article, il vaut bien mieux commencer par la vape plutôt que par la cigarette, qui est bien plus nocive pour la santé que la cigarette électronique.
D’autant que la notion de « dépendance » nicotinique est à prendre avec des pincettes. Depuis trop longtemps, certains marchands de doute et les médias simplificateurs à l’extrême ont présenté la nicotine comme une drogue hautement addictive. Ce qui est faux. L’addiction, c’est la clope dans son ensemble. Isolément, la nicotine, c’est comme la caféine (mais en mieux). Son action dans le cerveau est loin d’être inintéressant. Il suffit de voir ça dans le monde psychiatrique pour s’en rendre compte. Dans ce cas, il va falloir interdire tout ce qui induit du plaisir (café, chocolat, sucre, sel ou … sexe ?). Finalement, le problème n’a jamais été la nicotine. C’est juste que la tabac fumé est un moyen XXL pour s’en administrer.