L’OMS, le 26 juillet dernier, a publié un rapport concernant la lutte anti-tabac. Évidemment, ce rapport n’a pas oublié la e-cigarette et ses déclinaisons…
De quoi s’agit-il ?
Le rapport de l’OMS est un ensemble de recommandations visant à donner des lignes directrices aux législateurs du monde entier dans la lutte anti-tabac ; ceci entrant dans la CCLAT (Convention Cadre de Lutte Anti-Tabac) de l’organisation.
De qui émane t’il ?
Ce rapport, contrairement à ce que l’on croit, n’émane pas directement de l’OMS. Il a été rédigé par un institut privé : Bloomberg Philantropies. Cet institut est dirigé par Michael Bloomberg, ancien maire de New-York, ancien candidat à la prochaine présidentielle américaine et qui a fait de la lutte anti-tabac son cheval de bataille (entre autres). Son organisme vise, plus généralement, à améliorer la santé publique américaine d’une façon que l’on qualifierait de … dogmatique ; le puritanisme américain n’étant plus un secret, le sieur Bloomberg semble être un personnage atteint par la maladie du sur-hygiénisme, comme le font si bien nos cousins d’outre-atlantique.
La phrase qui a mis le feu aux poudres
Page 56 du rapport, on peut lire :
« Although the specific level of risk associated with ENDS has not yet been conclusively estimated, ENDS are undoubtedly harmful and should therefore be subject to regulation. »
En bon français :
« Bien que le niveau de risque spécifique associé aux ENDS n’ait pas encore été estimé de manière concluante, les ENDS sont indubitablement nocifs et devraient donc être soumis à une réglementation.«
Premier point, ENDS, késako ? Electronic Nicotine Delivery System. Bon, e-cigarette pour faire court.
Deuxième point : voilà bien une phrase qui dit tout et son contraire en quelques mots. Les risques spécifiques ne sont toujours pas démontrés, mais la e-cig est incontestablement nocive.
A la lecture de cette seule phrase, n’importe quel journaliste sérieux aurait tiqué illico. Mais non …
L’AFP s’en mêle.
L’Agence France Presse a repris non pas la phrase mais la moitié seulement et a lancé une dépêche alarmiste, avec l’objectif clair de montrer que la e-cigarette est indubitablement nocive avec la seule caution de l’acronyme OMS. Un bout de phrase sortie du contexte général du rapport. Nous pouvons saluer l’exploit de l’AFP dans cet exercice d’anti-journalisme patenté.
Les médias en rajoutent une couche
Dans la foulée, comme de bien entendu, tous les médias mainstream ont relayé la dépêche, et on est partis vers l’épandage de la rumeur à travers tout l’hexagone. Pour le coup, je me pose vraiment la question : qu’est-ce qu’un journaliste aujourd’hui ? Un scribe qui recopie un communiqué, sans rien vérifier, ni lire, ni poser un diagnostic critique ? A ce compte là, je peux aussi être journaliste ; et n’importe qui au final.
Fort heureusement, il en reste des (vrais) journalistes. Ceux-ci, peu nombreux, ont tout de même pris le temps de réfléchir. Nous pouvons d’ailleurs saluer leurs interventions comme celle de Cécile Thibert du Figaro. Certains médias ont aussi publié des droits de réponse comme France TV Info ici et là ou le site doctissimo.fr
Réactions du monde médical et des professionnels de la vape.
Cette dépêche a provoqué l’émoi de bon nombre de nos confrères comme Vapyou et VapingPost. Des scientifiques et médecins se sont aussi insurgés devant autant de désinformation. Bertrand Dautzenberg, pneumologue et ancien chef de service pneumologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, regrette, dans une entrevue avec OneShotTV, que l’OMS participe à cette désinformation. Outre-manche, la New Nicotine Alliance déplore les allégations du rapport de l’OMS :
De même, les associations comme La Vape Du Coeur, AIDUCE et SoVape se sont indignées de ce rapport sur le chapitre vapotage.
Pourquoi tant de haine ?
On le sait, l’OMS n’a jamais été favorable à la e-cigarette. De là à dire que l’organisation n’entend rien à la réduction des risques, il n’y a qu’un pas. Il est tout de même étrange que l’OMS relaye un rapport émanant d’un organisme privé dont les motivations sont pour le moins douteuses. Ce ne sont pourtant pas les études qui manquent pour démontrer la (considérable) moindre nocivité du vaporisateur personnel face à la cigarette. Quelques-une ont été reprises sur notre blog :
Tout ce que nous pouvons constater, c’est que pour beaucoup (trop) de personnes, l’arrêt du tabac est un espèce de dogme absolutiste où il faut faire cesser toute consommation de nicotine, parce que oui, la nicotine provoque une dépendance. Et ça, c’est le mal. Les nuances ne sont pas de mises dans ce discours. Beaucoup de choses provoquent des dépendances ; dont certaines parfaitement ignorées pas l’OMS : la caféine, le sucre, le Nute… (oups, pas de marque), le sel et même les téléphones portables. D’autres sont beaucoup plus graves et conduisent à une addiction. La nicotine prise isolément n’est qu’une dépendance. Elle n’est pas psychotrope, mais elle est, manifestement, toujours assimilée aux drogues dures du fait que sa prise dépend (ou dépendaient) de la combustion du tabac, qui elle, est bien délétère (donc une addiction).
Mais si c’est la nicotine qui pose problème à l’OMS, pourquoi encourager les substituts sous forme orale ou transdermique ? La nicotine des dispositifs médicaux est strictement la même que celle des liquides à vapoter. A moins que …. la e-cigarette n’entre pas dans le champs d’application du monde pharmaceutique ?
Un substitut en vente libre
Il est peut-être là le problème de l’OMS : la e-cigarette n’est pas sous contrôle ; ni des agences de santé, ni des laboratoires pharmaceutiques. Du coup, le dispositif est nocif puisqu’il n’est pas sous contrôle. Forcément.
Pour autant, bon nombre de médecins ne l’entendent pas de cette oreille. Ils ont compris que l’indéniable réussite de la e-cigarette vient du fait qu’elle ne passe par aucun circuit médical lourd. Chacun peut s’essayer à l’arrêt du tabac librement, sans contraintes, et surtout … dans le plaisir. Ah ! Là aussi, nous touchons à un point sensible de notre société qui base sa philosophie sur l’effort, la contrainte et la souffrance pour toucher à un but.
Après, on peut également s’inquiéter de la qualité de ce que l’on vape, et à juste titre. C’est pourquoi une normalisation des liquides semble indispensable. Cela existe en France grâce à l’AFNOR qui a définit une norme de qualité. En charge des fabricants d’y adhérer ou pas. Là encore, il s’agit d’une initiative venant directement de certains fabricants de liquides dans une optique d’avoir les produits les plus sains possibles.
Conclusion
Ce rapport a fait grand bruit dans le Landerneau de la vape et des voix se sont élevées contre ce qui paraît n’être qu’une réflexion dogmatique infondée et pour le moins contradictoire. L’OMS devrait y regarder à deux fois avant de se lancer dans la publication de rapports ayant plus à voir avec de l’idéologie que du pragmatisme ; il suffit de regarder ce qui se passe au Royaume-Uni. Même la Nouvelle-Zélande, pourtant hostile à la vape de prime abord, a changé son fusil d’épaule pour encourager, aujourd’hui, le vapotage.
Allez l’OMS … Sans rancune ?
Il serait utile d’établir une liste des fabriquants de e-liquide qui garantissent ne pas utiliser d’additifs toxiques . Il est certain que certains additifs alimentaires (ceux dans la liste autorisée par la réglementation de l’UE) sont toxiques ou potentiellement toxiques en inhalation. De nombreux fabricants, peu scrupuleux, se contentent d’utiliser ces additifs alimentaires parce qu’ils sont autorisés par la CE, mais ce n’est pas une garantie d’innocuité pour les consommateurs.
personnellement j’utilise seulement les produits HOUSE OF LIQUID, qui se sont de bonne qualité, mais qui contiennent quand même des additifs dont on ne connaît pas exactement la nature. A ma connaissance, un des rares fabricants sinon le seul à proposer des e-liquides garantis sans additifs chimiques est NATURACIG;
quoi qu’il en soit, votre organisation devrait travailler dans ce sens; s’il existe un danger réel pour la santé dans l’utilisation de la e-cigarette, c’est bien dans les additifs; pour le reste, dénoncer les rapports alarmistes infondés, c’est bien, à condition d’être objectif et de fournir une argumentation sérieuse dans la réfutation.
par exemple récemment, une nouvelle rumeur, dérivée d’une étude allemande (pr. Münzel, cf. European Heart journal https://doi.org/10.1093/eurheartj/ehz772) prétend que la vapeur de l’e-cigarette provoque des troubles cardio-vasculaires. Il faudrait savoir ce qu’il en est; il est possible que cette étude ne soit pas fiable, parce que ses résultats sont fondés sur l’expérimentation animale…