Introduction
Le 27/02/19, le Public Health England publie une mise à jour de son rapport sur la politique et la réglementation en matière de e-cigarette en Angleterre ; plus précisément avec les dernières données sur la prévalence et l’usage de la e-cigarette chez les fumeurs anglais. Cette étude est intéressante à plus d’un titre pour les professionnels de santé.
Évolution récente des politiques et des orientations
Principaux changements
Le NICE (1) a publié des lignes directrices à l’intention des professionnels de santé et des services sociaux sur la manière de tenir un discours éclairé sur la CE. Le Comité des sciences et de la technologie de la Chambre des communes a publié un rapport sur la CE comprenant des recommandations sur la réduction des risques, l’abandon du tabac, la CE dans les établissements de santé mentale et la réglementation.
Le gouvernement a répondu par un document d’ordre qui accepte, dans l’ensemble, les recommandations du comité des sciences et de la technologie. Le gouvernement est fermement résolu à effectuer davantage de recherches dans ce domaine et à mettre en place un système de réglementation proportionné.
À la suite d’une consultation, le CAP (2) et le BCAP (3) ont annoncé qu’ils levaient l’interdiction générale d’utiliser des allégations de santé dans les publicités pour la CE, autres qu’en radiodiffusion (TV – Radio).
Les nouvelles directives du NHS (4) ont suivi les recommandations sur les risques d’incendie et ont placé la CE dans la même catégorie que les téléphones mobiles.
- CE : Cigarette Electronique
- NICE : National Institute for Health and Care Excellence (Institut national pour l’excellence de la santé et des soins)
- CAP : Committee of Advertising Practice (Comité de la pratique publicitaire)
- BCAP : Broadcast Committee of Advertising Practice (Comité de la publicité audiovisuelle radiodiffusée)
- NHS : National Health Service (Service National de Santé)
Le plan à long terme du NHS pour l’Angleterre recommande une nouvelle offre globale d’abandon du tabac pour les utilisateurs à long terme de services spécialisés de santé mentale. Cela inclura la possibilité pour les fumeurs de passer aux cigarettes électroniques lorsqu’ils sont hospitalisés.
Méthodes
Le PHE a utilisé les données de plusieurs enquêtes britanniques évaluant la prévalence du vapotage chez les jeunes et les adultes. Ils se sont également inspirés de publications de ces enquêtes évaluées par des pairs, y compris de toute publication en attente, pour laquelle ils sont coauteurs.
Il a aussi examiné la littérature internationale sur la prévalence du vapotage du 1er janvier 2017 au 5 novembre 2018 et a examiné les données collectées auprès des autorités locales du Stop Smoking Service par NHS Digital du 1er avril 2017 au 30 juin 2018.
La vape chez les jeunes
Principales constatations
Les chiffres
En Grande-Bretagne, les expériences avec la CE ont régulièrement augmentées ces dernières années. Cependant, l’utilisation régulière reste faible, avec 1,7% des 11-18 ans en Grande-Bretagne déclarant une utilisation au moins hebdomadaire en 2018 (0,4% chez les 11 ans et 2,6% chez les 18 ans).
La proportion de jeunes qui n’ont jamais fumé et qui utilisent la CE au moins une fois par semaine reste très faible (0,2% des 11 à 18 ans en 2018).
Selon les données, 7% des jeunes de 15 ans fument régulièrement (au moins une fois par semaine) en 2016 (8% en 2014). Les données de 2018 ne sont pas encore disponibles.
Usages
La proportion de ceux qui n’ont pas fumé mais qui ont essayé la vape augmente. On ignore encore dans quelle mesure ces jeunes auraient essayé de fumer si le vapotage n’avait pas été disponible.
NDLR : ce point est à mettre vraiment en perspective
La proportion de jeunes de 13 et 15 ans qui ont déjà fumé a régulièrement diminué entre 1998 et 2015, y compris après l’introduction de la CE. Au cours de cette période, l’attitude des jeunes est devenue plus négative à l’égard du tabagisme.
La vape chez les adultes
Principales constatations
Les chiffres
Les données de plusieurs enquêtes suggèrent que la prévalence du vapotage chez tous les adultes en Grande-Bretagne est restée stable depuis 2015. En 2017 à 2018, les estimations de la prévalence étaient les suivantes:
5,4% à 6,2% pour tous les adultes
14,9% à 18,5% pour tous les fumeurs
0,4% à 0,8% pour les personnes qui n’ont jamais fumé
10,3% à 11,3% pour les ex-fumeurs (la prévalence du vapotage diminue à mesure qu’augmente le temps écoulé depuis qu’ils ont cessé de fumer)
La prévalence du tabagisme varie de 13,7% à 17,3% pour la population adulte mais est nettement plus élevée dans les groupes socio-économiques défavorisés (par ex : 35% des personnes vivant dans des logements sociaux fumaient).
Un peu plus du tiers des fumeurs actuels n’avaient jamais essayé la CE.
Répartition
L’utilisation de la CE dans les tentatives d’arrêt est similaire dans tous les groupes socio-économiques. Parmi les ex-fumeurs de longue date, l’utilisation de la CE est plus élevée chez les personnes défavorisés. Cela suggère que les personnes appartenant à des groupes socio-économiques plus aisés utilisent la CE pour arrêter de fumer, puis cessent de consommer ; celles appartenant à des groupes plus défavorisés continuant à utiliser la CE.
Il existe des associations possibles entre les groupes socio-économiques défavorisés et la concentration plus élevée de nicotine, la quantité de liquide utilisée et une plus grande variété de saveurs dans les liquides.
Usages
Au fil du temps, la plupart des vapoteurs ont déclaré continuer à utiliser le même taux de nicotine (44,7% des participants à une enquête, 54,4% dans une autre) ou à réduire leur teneur en nicotine (respectivement 40,1% et 49,2% dans les mêmes enquêtes).
Une enquête a montré qu’avec le temps, la plupart des vapoteurs avaient tendance à s’en tenir à un seul type d’arôme (tabac, fruit, menthol étaient les types les plus populaires).
Cesser de fumer reste la principale motivation du vapotage dans tous les groupes socio-économiques. Les personnes appartenant à des groupes socio-économiques plus favorisés sont peut-être plus susceptibles de vaper pour le plaisir que celles appartenant aux groupes les plus défavorisés. Groupes peut-être plus enclins à vaper pour des raisons financières.
Résumé des implications
- L’Angleterre continue de prendre des mesures progressives pour que le vapotage reste une alternative accessible et attrayante au tabagisme.
- Si les recommandations du Comité des sciences et de la technologie de la Chambre des communes sont intégralement appliquées par le gouvernement, elles pourraient potentiellement élargir l’accès aux établissements de santé mentale, où le taux de tabagisme est élevé.
- Des recherches supplémentaires sont également nécessaires sur la manière dont les jeunes passent de la CE à la cigarette et inversement.
- Davantage de recherches est nécessaire pour explorer l’utilisation de la CE par différentes classes sociales.
- Les tendances doivent être surveillées, en particulier en ce qui concerne l’utilisation de la CE par les non-fumeurs, son utilisation parallèlement au tabagisme et chez les ex-fumeurs à long terme
- Il est recommandé aux usagers de la CE d’arrêter de fumer le plus tôt possible.
- L’association de la CE (source de soutien la plus populaire chez les fumeurs) et du soutien des services anti-tabac devrait constituer une option recommandée pour tous les fumeurs.
- Les praticiens de l’arrêt du tabagisme et les professionnels de la santé devraient apporter un soutien comportemental aux fumeurs qui souhaitent utiliser une CE pour les aider à cesser de fumer. Ils devraient aussi recevoir une formation sur l’utilisation de la CE dans les tentatives d’arrêt du tabac.
Conclusions
Le PHE persiste et signe dans ses recommandations au gouvernement et aux professionnels de santé. Si l’on se réfère aux chiffres de ce rapport, il reste encore beaucoup de fumeurs à aider ; en particulier chez les personnes défavorisées. On le voit également, le tabagisme des jeunes est en recul constant. L’utilisation de la CE dans les tranches d’âge 11-18 ans reste très faible.
Apparemment, les jeunes non-fumeurs essayant la vape est en augmentation (sans les chiffres NDLR). Mais la question reste : les jeunes non-fumeurs essayant la vape auraient-ils tenté le tabac fumé avec les conséquences que l’on connait ?
Quoiqu’il en soit, les anglais repoussent au maximum les directives ineptes de Bruxelles. Les chiffres de la prévalence tabagique le montrent : c’est presque deux fois moins qu’en France.