E-cigarette et grossesse font-ils bon ménage ?

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Voilà une question récurrente à laquelle il convient de répondre. On le sait, le tabac a des effets très problématiques sur le foetus. Les différents produits de combustion peuvent provoquer des complications lors de la grossesse ; notamment à cause des carcinogènes et mutagènes inhalés (nitrosamines, métaux lourds etc.). De même, le monoxyde de carbone provoque un déficit d’oxygénation chronique des tissus. La concentration en CO peut même être de 2 à 2,4 fois plus importante pour le foetus que pour la mère. Le tabagisme a donc des conséquences potentiellement graves pour le bébé. On sait, par exemple, que le poids à la naissance est inférieur à celui des enfants nés de mères non-fumeuses, ou ayant arrêté de fumer avant (ou pendant) de premier trimestre de la grossesse. Un déficit pondéral à la naissance est un risque pour le bébé.

Alors qu’en est-il pour la e-cigarette ? Pour vérifier cette question, un collège de scientifiques irlandais s’est penché sur le berceau.

Qui ?

L’étude, publiée dans le American Journal of Obstetrics and Ginecology (AJOG), a été menée par trois chercheurs irlandais :

  • Brendan P. McDonnell du Coombe Women and Infants University Hospital de Dublin
  • Carmen Regan du Royal College of Surgeons in Ireland à Dublin
  • Evan Bergin du Trinity College de Dublin

Objectif de l’étude

De plus en plus de gens préfèrent la e-cigarette au tabac fumé, la considérant plus saine, plus propre mais aussi plus rentable. Cela dit, beaucoup restent préoccupés par ses effets, lors de la grossesse, sur le foetus et la mère. La nicotine, traversant le placenta, à un effet direct sur le système foetal et le système vasculaire placentaire. De plus, la nicotine a été étiquetée neuro-tératogène* pour ses effets sur le développement cérébral du bébé. Alors, il faut tout de même pondérer le sujet de la neurotératogénéité (ouf, il faut le sortir celui-là) par le fait que les études jusqu’à présent menées ont été faites sur des rongeurs et non extrapolables à l’homme. Nous n’avons donc pas de preuve des effets de la nicotine sur le foetus. En revanche, l’effet des produits de combustions sont déjà connus.

*Qui provoque des malformations du système nerveux.

Plan de l’étude

La cible est une cohorte prospective parmi des utilisatrices de e-cigarettes enceintes et fréquentant une grande maternité urbaine de Dublin. Les femmes furent identifiées grâce au système de réservation électronique de l’hôpital lors de leur première visite.

Les résultats maternels et néonataux ont été recueillis après l’accouchement et comparés à un groupe de fumeurs et de non-fumeurs.

Résultats

Le panel de femmes s’élevait à 129, toutes identifiées comme utilisatrices exclusives de e-cigarette durant la période de l’étude.

Sur ce panel, il y a eu :

  • 85 naissances viables
  • 39 étaient encore enceintes à la fin de l’étude
  • 1 a fait une fausse couche au deuxième trimestre

NDLR : il en manque 4 mais l’AJOG ne donne aucune précision là-dessus.

Les bébés nés de consommatrices de cigarettes électroniques avaient un poids moyen à la naissance de 3482 g (+/- 549 g), ce qui était similaire à celui des non-fumeuses (3471 g +/- 504 g, p = 0,75) et significativement supérieur à celui des fumeuses (3166 g + / – 502 g, p = 0,001).

La gestation moyenne à l’accouchement était similaire chez les utilisatrices de cigarettes électroniques, les non-fumeuses et les fumeuses (respectivement 39,3 – 39,8 et 39,3 semaines)

Le centile moyen de naissance des utilisatrices de cigarettes électroniques était similaire à celui des non-fumeurs (51ème centile vs 47ème centile, p = 0,28) et significativement supérieur à celui des fumeurs (27ème centile, p = 0,00001).

Aucun cas de morbidité maternelle grave n’a été constaté.

Les résultats de l’accouchement étaient tous similaires à ceux des non-fumeurs. Notamment sur les points suivants :

  • Le besoin d’induction (déclenchement du travail)
  • Le mode d’accouchement
  • Les traumatismes périnéaux
  • Les hémorragies post-partum

Idem pour les taux d’admission au SCBU/NICU (en gros, les services de soins intensifs néonataux). Aucun cas de syndrome de détresse respiratoire néonatale n’a été constaté non plus.

Conclusion

L’utilisation de cigarettes électroniques pendant la grossesse n’est pas associée à un faible poids à la naissance ou à un accouchement prématuré. Les résultats maternels et néonataux semblent être similaires à ceux des non-fumeurs. Selon les trois chercheurs, il s’agit de la première étude prospective sur la relation entre l’utilisation de la cigarette électronique et d’éventuelles conséquences pour la mère et le fœtus.

Mesdames, vous pouvez vaper tranquille pendant votre grossesse.

Source : https://www.ajog.org/article/S0002-9378(18)31229-8/fulltext

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