Dans un article du 30/01/2019, le New England Journal of Medicine a publié les résultats d’une étude visant à mesurer l’efficacité des substituts à la nicotine face à la e-cigarette. Cette étude a été menée par la Queen Mary University of London. Cela fait longtemps que certains professionnels de santé émettent des doutes sur l’efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique ; et cela, jusqu’à notre ministre de la santé : Agnès Buzyn. « On manque de recul », « on manque de données d’études », « rien ne prouve l’efficacité » … Et ce, malgré les tonnes de témoignages d’usagers quotidiens. Plusieurs médecins et scientifiques se sont insurgés sur cette redoutable frilosité (qui à dit mauvaise foi ?) face à un fléau qui tue 73000 personnes en France. Alors, certes, les tout premiers dispositifs n’étaient en effet pas très efficaces. Mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis. Beaucoup d’eau … Alors ? Efficace ou pas cette e-cig ?
Méthodes
Cible : une cohorte randomisée d’adultes fréquentant les services de lutte contre le tabagisme du Service national de la santé du Royaume-Uni. On leur a proposé, soit des substituts nicotiniques habituels, y compris des combinaisons de produits, soit un kit de démarrage e-cig de deuxième génération avec un flacon de liquide 18mg et une recommandation d’achats de liquides, pour la suite, en saveurs et taux de nicotine de leur choix. L’étude comprenait un soutien comportemental hebdomadaire pendant un minimum de 4 semaines. Le résultat principal portait sur une abstinence soutenue pendant un an, validée biochimiquement lors de la visite finale. Les participants perdus de vue ou n’ayant pas fourni la validation biochimique ont été considérés comme non-abstinents. Les résultats secondaires concernaient l’utilisation du traitement et les symptômes respiratoires évoqués par les participants.
Résultats
Un total de 886 participants ont été équipés. Le taux d’abstinence sur un an était de 18,0% dans le groupe cigarettes électroniques, contre 9,9% dans le groupe TSN* ( de la nicotine (risque relatif, 1,83 – intervalle de confiance à 95% [IC], 1,30 à 2,58 – P <0,001). Parmi les participants, sur une abstinence d’un an, ceux du groupe e-cig étaient plus susceptibles que ceux du groupe TSN, d’utiliser le produit attribué sur les 52 semaines (80% [63 sur 79 participants] vs 9% [4 sur 44 participants]). Dans l’ensemble, les irritations de la gorge et de la bouche ont été plus fréquemment signalées dans le groupe e-cig (65,3% contre 51,2% dans le groupe TSN) et les nausées plus fréquemment dans le groupe TSN (37,9%, contre 31,3% dans le groupe e-cigarette). Le groupe e-cig a enregistré une baisse plus importante de l’incidence de la toux et de la production de mucosités que le groupe TSN entre le début et la fin de la période de traitement (risque relatif de toux, 0,8 – IC95%, 0,6 à 0,9 – risque relatif de mucosités, 0,7 – 95% CI, 0,6 à 0,9). Il n’y avait pas de différences significatives entre les deux groupes dans l’incidence de la respiration sifflante ou de l’essoufflement.
*Traitements de Substituts Nicotiniques
Conclusion
Les cigarettes électroniques étaient plus efficaces pour arrêter de fumer que les thérapies de substitutions à la nicotine, lorsque les deux produits étaient accompagnés d’un soutien comportemental.
Bien. Dites-nous Mme La Ministre, les études anglaises ne sont-elles toujours pas dignes de confiance, comme l’avait allégué Marisol Touraine ? Combien de temps faudra t-il aux pouvoirs publics pour reconnaître l’efficacité de la e-cig dans le sevrage tabagique ? Ou plutôt : que vous faut-il pour le reconnaître ?