Deux articles intéressants, et très inhabituels dans le monde de la recherche, ont été publiés cette semaine. Il s’agit d’un débat entre deux scientifiques. D’un côté, Simon Chapman, professeur à l’université de Sydney, opposé à la cigarette électronique et demandeur de plus de régulation. De l’autre, Jean-François Etter, Professeur à l’université de Genève, favorable à la cigarette électronique et défenseur d’un vrai équilibre de forces commerciales avec la cigarette traditionnelle. Ces deux professeurs expriment leur point de vue dans le journal BMJ. Regardons de plus près leurs arguments.
Contre : autoriser la cigarette électronique, c’est banaliser la cigarette
Simon Chapman est clairement opposé à la cigarette électronique. Pour lui, ce dispositif n’est qu’une façon de plus pour les cigarettiers de banaliser la cigarette et ainsi d’accroître leur profit. En effet, les politiques de lutte contre le tabagisme ont beaucoup mis l’accent ces dernières années sur la désocialisation imposée aux fumeurs et aux cigarettes : interdiction de fumer en public, paquet banalisé, interdiction de la publicité, photos de malades sur les paquets, campagnes de sensibilisation. Et en cette matière, l’Australie, dont le professeur Chapman est originaire, est à l’avant-garde. A ces yeux, la cigarette électronique est une nouvelle porte d’entrée pour rendre acceptable la cigarette dans l’espace public. Et il faut bien avouer que certains faits lui donnent raison. Ainsi, la marque Blu, dont le propriétaire n’est autre que Lorillard, un des géants du tabac américain, a engagé plusieurs stars d’Hollywood pour faire la promotion de leur cigarette électronique. Il s’agit là des mêmes stratégies qui avaient été utilisées dans les années 50 pour populariser la cigarette dans les films en faisant fumer toutes les stars à l’écran. Il se déclare enfin pour l’établissement d’un permis de consommer de la nicotine, applicable à la cigarette électronique puis à la cigarette traditionnelle. Il pense qu’avec cet outil, la consommation de nicotine retrouvera sa « juste » place de drogue et sera ainsi limitée au strict nécessaire.
Pour : interdire la cigarette électronique, c’est pousser les fumeurs à continuer la cigarette
Jean François Etter est plus connu en France, particulièrement sur ce blog. Parmi les premiers défenseurs de la cigarette électronique, à l’origine de nombreux articles de recherche sur le sujet, il a également participé à la rédaction du rapport de l’Office Français de Prévention du Tabagisme mais ne l’a finalement pas signé. Dans plusieurs tribunes de journaux nationaux, il a expliqué qu’il considérait le rapport comme scientifiquement trop faible et la liste des recommandations comme inutilement répressive. Dans l’article de BMJ, il explique dans un premier temps que les mesures de restriction, qui sont sur le point d’être votées dans plusieurs pays européens, vont en réalité à l’encontre de l’amélioration de la santé des fumeurs. En effet, en limitant l’accès et le bon usage de la cigarette électronique, moins de fumeurs vont y être convertis. Ces derniers garderont donc leur risque sanitaire au niveau maximum. Il rappelle ensuite que, si c’est aujourd’hui la crainte principale des législateurs, aucune donnée ne permet de penser que la cigarette électronique est ou sera un passage des jeunes non-fumeurs vers la cigarette. Il insiste néanmoins sur deux points. Considérant tout d’abord l’histoire des compagnies de tabacs et leur mode d’action marketing, il se positionne en faveur de l’interdiction de publicité pour la cigarette électronique. Ensuite, il s’oppose à une interdiction de vente aux adolescents. En effet, dans une société où la nicotine est un produit facilement accessible grâce à la forte disponibilité des cigarettes, il est inévitable que des jeunes personnes essaient la nicotine, et il est préférable dans ce cas que ce soit par l’intermédiaire d’une cigarette électronique plutôt qu’avec une cigarette traditionnelle. En conclusion de son article, il rappelle que de nombreux anciens fumeurs restent dépendants de leur gomme à la nicotine pendant de nombreuses années, voire pour toujours. Si cela ne crée pas de problème de société, il devrait en être de même pour les utilisateurs de cigarettes électroniques. Rappelons pour finir qu’aucun effet toxique spécifique aux cigarettes électroniques n’a été observé à ce jour, alors qu’elles ont permis à de nombreux fumeurs de réduire, voire de stopper, leur consommation de tabac.
Puritains contre libéraux
Pour ce blog, le choix entre ces deux approches est clair. Mais allons un peu plus loin dans l’analyse. On peut interpréter ces deux modes de penser comme le choc entre une vision puritaine et une vision libérale. Pour mieux comprendre, prenons l’exemple de la moto. Cet engin procure du plaisir à l’utilisateur, mais a un taux d’accident plus grand que d’autres modes de transports. La logique puritaine dira que, puisque que le danger est plus grand, il ne faut pas que les gens l’utilisent. La moto doit être interdite. Du point de vue libéral, comme la moto procure du plaisir au conducteur, il y aura toujours des personnes pour s’en servir. Il faut donc tenter de minimiser les risques. Les conducteurs de moto doivent donc porter un casque pour la conduire.
La question sous-jacente est de savoir où se situe la limite de la liberté personnelle. Nous pensons ici que les citoyens sont des adultes, capables de faire leur choix. Et nous pensons justement que la cigarette électronique offre un choix supplémentaire à ses utilisateurs : celui de pouvoir ne pas être soumis au goudron et autres cancérigènes, même pour les personnes ne pouvant pas se sevrer.
La cigarette électronique n’a rien à voir avec une cigarette classique, si ce n’est la présence de nicotine dans certains modèles. Jusqu’à preuve du contraire, elle n’est pas nocive, alors pourquoi vouloir l’interdire notamment dans les lieux publics ? Il vaut mieux utiliser une cigarette électronique que continuer à fumer une cigarette classique dont on connaît les effets extrêmement néfastes sur l’organisme.
La première chose à faire serais de changer son nom, et oui, dans cigarette électronique il y a surtout cigarette ce qui renvoi au tabac obligatoirement, alors qu’il en est rien, c’est à mon avis une grave erreur marketing, il s’agit d’un « vaporisateur »? personne n’a rien contre les vaporisateurs, ni contre les gommes à mâcher, personne ne va interdire les chewimgums à la nicotine dans les lieux publique ? cigarette est un mot qui fait peur…
Bonjour Christelle,
Je suis bien d’accord avec vous. Mais ce terme appartient désormais plus à l’histoire qu’à un sens véritable.
Cependant, les utilisateurs, et particulièrement les membres actifs des forums, ont lutté contre ce terme. Il y a quelques temps, un vote a même eu lieu sur le plus gros forum français pour décider d’un nom que les utilisateurs voulaient utiliser et qui ne soit pas sémantiquement relié au tabac. C’est comme ça que les termes de « vapoteur » et « vapoter » sont apparus et ce sont bien démocratisé depuis. Quant à l’objet, les utilisateurs se raprtissent maintenant entre « une vape » et « une vapote ».
Et vous, lequel préférez-vous ?
Article intéressant. Toutefois il faut prendre en compte la spécificité de chaque pays en terme de comportement du consommateur mais aussi de la place plus ou moins importante du marketing dans la société. Le contexte n’est probablement pas le même en Australie et en Suisse.
Je suis pour la cigarette électronique à 100%. Je trouve que c’est un instrument qui est vraiment efficace pour aider les fumeurs à sortir de la dépendance de fumer , et en plus c’est très économique.
La cigarette électronique sauve des vies ça oui