La cigarette electronique, révolution pour la dépendance au tabac?

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La e cigarette
Interview avec le Dr JF Etter

Nous reproduisons ici, une interview du magazine Suisse le Temps. La période des fêtes, source de tensions pour beaucoup, est aussi une source de stress supplémentaire pour le fumeur : Où fumer, sur le balcon par –12° C? Quand, entre les plats qui n’en finissent pas de se succéder? Comment avoir les plaisirs de la cigarette sans en infliger les inconvénients aux autres et à soi? Peut-être en se tournant vers la cigarette electronique. La  cigarette electronique dispense en effet généreusement sa nicotine, déploie arômes et volutes, et est moins toxique que le tabac. Peut-on dès lors envisager une consommation récréative de nicotine, qui ne passe ni par le tabac, ni par les substituts nicotiniques? C’est le débat qu’aimerait initier Jean-François Etter, directeur et initiateur du site Stop-tabac.ch.

Interview du Docteur Jean-François Etter, par Le Temps

Le Temps: Vous êtes un chantre de la lutte contre le tabagisme et pourtant vous semblez acquis à la cigarette electronique, pourquoi?

JF Etter
Le docteur Jean-François Etter

–        Jean-François Etter: La cigarette electronique va révolutionner la lutte contre le tabagisme car elle procure des sensations très proches de la cigarette classique; la gestuelle, la nicotine, les arômes, et aussi cette sensation de picotement dans la gorge, appelé «hit» par les vapoteurs, soit les fumeurs de cigarette electronique. Surtout, la nicotine passe rapidement dans le sang, ce qui est suivi d’un pic de dopamine donc de plaisir, mais c’est aussi un des mécanismes qui entraînent la dépendance.

Le Temps:  Peut-on devenir dépendant de la cigarette electronique?

–        Jean-François Etter: En général, les gens se mettent à «vapoter» dans l’idée de renoncer au tabac, de réduire leur consommation de cigarettes, ou encore d’éviter une rechute après avoir cessé de fumer. Au bout d’un certain temps, la plupart d’entre eux arrêtent. Mais cela peut prendre pas mal de temps. Nous avons réalisé la première étude sur les vapoteurs réguliers à l’Université de Genève. Nous avons été surpris de voir que certains d’entre eux avaient continué la cigarette electronique plusieurs mois, voire plus d’une année. Je pense donc qu’il y aura une petite partie des vapoteurs, anciens fumeurs, qui vont persister. Par contre, nous n’avons pas d’exemple de personnes, en particulier d’ados, qui aient commencé à fumer après avoir été initiés par la cigarette electronique. Ils essaient par curiosité. La cigarette electronique n’a pas l’aura de la vraie, cette image d’entrée dans l’âge adulte que véhiculent films et publicités.

Le Temps: Le vapotage, peut-il être dangereux à terme?

–        Jean-François Etter: La nicotine en elle-même n’est pas toxique, tout au moins aux doses thérapeutiques, avec un bémol pour les femmes enceintes. Par contre, elle est létale à haute dose. On pourrait imaginer qu’un enfant ou quelqu’un souhaitant se suicider avale une cartouche d’e-liquide qui contient 500 mg de nicotine. C’est, à mon sens, le danger le plus important, et les fabricants devraient trouver un moyen pour y remédier. Mais l’e-liquide contient également des arômes, des colorants ainsi que du propylène glycol ou glycérol, des additifs reconnus comme inoffensifs dans les médicaments et l’alimentation. Cependant, on ne sait rien de leur action lorsqu’ils sont inhalés, sur le long terme.

Le Temps: Peut-on recommander la cigarette electronique pour arrêter de fumer?

–        Jean-François Etter: Je pense que cela peut représenter une aide importante, mais je ne peux la recommander en tant que scientifique, puisque je ne sais rien de ses effets potentiellement toxiques sur le long terme. Il faut d’abord en réglementer la fabrication. Par contre, il me semble nécessaire d’avoir un débat sur la place récréative de la nicotine dans notre société. D’un côté, on autorise la cigarette, un produit connu comme tueur, accessible à tous, partout. D’un autre côté, on trouve les substituts nicotiniques, du type patchs. Entre les deux, y a-t-il un espace «plaisir» pour les vapoteurs, qui courent tout de même beaucoup moins de risques que les fumeurs?

«La cigarette électronique, une alternative au tabac», par Jean-François Etter.

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