Je vape trop, est-ce que j’ai une surcharge de nicotine ?

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Chaque fumeur qui passe à la cigarette électronique se pose inévitablement cette question. Comment savoir si je ne vape pas trop en fonction du taux de nicotine ?

Comment savoir la nicotine que j’absorbe ?

Le calcul est assez simple, multiplier le taux de nicotine par ml de votre e liquide par le nombre de ml vapoté par jour. On peut arriver à des valeur très fortes et souvent plus forte que le 1 mg* de nicotine par cigarette multiplié par votre nombre de cigarettes quotidiennes. Pourquoi ?

Déjà, il faut savoir que la valeur de nicotine indiquée précédemment sur les paquets de cigarettes correspond à l’équivalent cotinine sérique (le métabolite primaire de la nicotine) retrouvé dans votre sang. C’est donc la nicotine réellement absorbée par l’organisme contrairement à la valeur indiquée sur votre flacon de e-liquide nicotiné qui correspond à la valeur contenu dans un millilitre de eliquide. La comparaison n’est donc pas facile car il faut répondre à la question, combien de vapeur j’inhale réellement sur toute la vapeur que fait la cigarette électronique. Réponse qui dépendra de votre style de vape, direct, indirect, profond, superficiel… Nous ne sommes pas des machines.

La deuxième chose à savoir, c’est qu’il est inutile de mesurer car votre corps s’occupe de tout grâce à l’auto-titration.

*La dose de nicotine absorbée par un fumeur est situé entre 1 et 3mg de nicotine par cigarette

Qu’est-ce que l’auto-titration ?

L’auto-titration est un terme que l’on évoque assez peu souvent. Elle est pourtant l’un des principaux mécanismes de la dépendance à la nicotine.

Ce mécanisme est assez mal connu des scientifiques et des médecins. Chaque fumeur a besoin d’une certaine dose de nicotine ; pas la même pour tous. Dans sa définition, l’auto-titration signifie que votre cerveau s’autorégule dans son besoin ou son manque. Un peu à l’image de la satiété alimentaire. Quand vous êtes en manque, votre cerveau est en alarme : « il me faut ma dose ». Le fumeur va donc allumer une cigarette compulsivement. Une fois arrivé à satiété, il cessera d’être en manque.

Le problème est que le pic de nicotine ne dure que 10mn dans le cerveau. Ensuite, la concentration de nicotine commence à baisser. Arrivé au seuil de manque, on reprend une dose et ainsi de suite. C’est un cercle vicieux en somme.

Dès lors, l’importance d’une substitution en lieu et place d’une privation prend tout son sens. Le fait de vaper plutôt que fumer stoppe le processus de shoot nicotinique et diminue la synthèse de récepteur nicotinique et donc la dépendance. L’auto-titration va s’en trouver modifiée et le besoin diminuera avec le temps.

Moins de nicotine, vraiment mieux ?

Consommer des cigarettes dites lights voire une diminution du nombre de cigarettes fumées n’a pas vraiment de sens. Déjà, il convient de lever un voile : il n’y a pas de tabac light. Afin de réduire la quantité de nicotine et de polluants, les cigarettiers pratiquent des micro-perforations au laser dans le papier des filtres de cigarettes. Cela fait rentrer plus d’air dans la fumée, mais c’est un leurre. Si cela se mesure avec une machine à fumée, le cerveau, lui, ne peut pas être trompé et l’auto-titration va entrer en jeu.

Le fumeur va adapter son mode de consommation selon ses besoins. Soit en tirant des bouffées plus longues, soit en gardant plus longtemps la fumée en poumons, soit en fumant plus, ou les trois à la fois. La diminution du nombre de cigarettes aura, au final, le même effet. Dès lors, il n’y a pas d’avantages dans ces changements. C’est même contre-productif puisque l’on s’expose à encore plus de produits de combustion.

Conclusion 

Commencer à vaper avec une dose trop faible de nicotine est une erreur assez souvent commise. La dépendance à la nicotine seule n’explique pas l’addiction observée en fumant. Cette addiction va diminuer avec le temps, mais il faut être suffisamment pourvu au début du sevrage, dans le but d’habituer le cerveau à produire moins de neurones récepteurs dopaminergiques. Avec le temps, le vapoteur baissera son taux de nicotine car il n’en aura plus autant besoin qu’au début. C’est un processus qui peut être long. Alors, soyez patients.

Annexes :

Annexe 1

En bloquant les récepteurs d’acétylcholine, la nicotine augmente, en réaction, la sécrétion d’autres neurotransmetteurs ou hormones dont la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine. Cet effet est très rapide, inférieur à sept secondes, soit la première bouffée d’une cigarette. La stimulation est intense, elle augmente l’impression d’alerte et de présence (noradrénaline), donne une impression de plaisir et de bonne humeur relative (sérotonine) et stimule le centre de la récompense (dopamine). L’impression d’euphorie est immédiatement suivie par une impression de relaxation en raison de l’effet mimétique de l’acétylcholine. La nicotine, ainsi que toutes les substance psycho actives stimule la production de l’hormone du plaisir : la dopamine. Elles en augmentent la production dans un structure cérébrale appelée noyau accumbens. Ce noyau fait partie d’une structure appelée circuit de la récompense ; nommé ainsi car il définit le niveau de satisfaction psychique et physique du fumeur. La nicotine, en modifiant la cinétique et l’amplitude de la dopamine, stimule le centre de la récompense et induit ce sentiment de satisfaction

Annexe 2

Un certain nombre d’études semblent indiquer que la nicotine n’est pas seule responsable de la dépendance au tabac. Certaines substances, comme les IMAO*, présentes dans la fumée de tabac pourraient augmenter la persistance des effets psychostimulants de la nicotine ainsi que l’action de la nicotine sur d’autres neurones que les dopaminergiques. Ainsi, il a été démontré que la e-cigarette est moins addictive que la cigarette de tabac. Elle l’est même moins que les gommes à la nicotine qui sont eux-même assez peu addictifs.

*Inhibiteurs de la MonoAmine Oxydase.

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